Norman : Entrer dans la lumière
Scène

Norman : Entrer dans la lumière

Norman, la plus récente réalisation du tandem 4D art, réhabilite, dans toute sa splendeur, la pensée créatrice d’un cinéaste de génie.

Après avoir visité Ottawa, Toronto et le Mexique, Norman, la nouvelle production de Michel Lemieux et Victor Pilon, est enfin à Montréal. Interprété et créé en collaboration avec le danseur et chorégraphe Peter Trosztmer, le solo nous expose à la force, à la modernité et à l’humanisme d’une oeuvre de haut vol, celle de Norman McLaren, pionnier canadien du cinéma d’animation.

Ce n’est pas la première fois que le tandem 4D art use de ses envoûtantes projections pour rendre hommage à un artiste. Avec Grand Hôtel des Étrangers (1995), il donnait vie à la poésie de Claude Beausoleil. Avec Anima (2002), il incarnait les idées fascinantes de l’anthropologue Desmond Morris. Avec Norman, un brillant alliage de danse, de théâtre documentaire et de technologie, Lemieux et Pilon arrivent une fois de plus à nous charmer. Non seulement leur magie virtuelle traduit-elle la poésie et l’intelligence de McLaren, mais elle redit la pertinence d’une oeuvre méconnue. Pour arriver à leurs fins, les créateurs diffusent des extraits d’entrevues réalisées avec des collaborateurs du cinéaste. Les propos de Pierre Hébert, Jacques Bensimon et Frédéric Back, pour ne nommer que ceux-là, nous font peu à peu entrer dans la pensée de McLaren, mesurer son dévouement. La plus belle idée, c’est d’avoir placé au centre de la représentation un personnage de chorégraphe fasciné par McLaren. La quête du jeune homme, à laquelle Trosztmer transmet toute sa conviction et son talent, fait brillamment écho à celle du cinéaste disparu. Indéniablement, au coeur des deux hommes brûle un seul et même feu sacré.

Durant les 90 minutes que dure le spectacle, les médiums interagissent continuellement. C’est précisément de là que naît la magie, l’éblouissement. Aux explorations visuelles de Lemieux et Pilon répondent les chorégraphies de Trosztmer et Thea Patterson, mais dans ce ballet, les lumières d’Alain Lortie et les sons de Michel Smith jouent un rôle aussi déterminant. En sortant de la salle, le coeur léger, on se dit que Frédéric Back a bien raison de considérer l’animation comme le meilleur moyen de rejoindre l’enfant à l’intérieur de l’adulte. Ne serait-ce qu’en ce sens, Norman est une brillante réussite.

Consultez la page de la Série Cinquième salle sur www.voir.ca/5esalle.