Vincent Côté : Vaisseau spatial
Scène

Vincent Côté : Vaisseau spatial

Le Théâtre du Vaisseau d’Or se tourne vers la science-fiction avec Odyssées de l’espace. Entretien avec le comédien, auteur et metteur en scène Vincent Côté.

Le Théâtre du Vaisseau d’Or, troupe parascolaire du Collège Jean-de-Brébeuf, a été fondé en 1993 par Jean-Claude Legault. Il y a deux ans, plusieurs anciens de ce collectif étudiant ont créé une branche professionnelle au sein de la compagnie. Leur motivation? L’envie de se retrouver. Parmi eux figure Vincent Côté, diplômé de l’École nationale de théâtre en interprétation, cuvée 2004. Avec Odyssées de l’espace, une pièce écrite, mise en scène et notamment interprétée par le jeune touche-à-tout, la compagnie s’attaque à la science-fiction, un genre très prisé sur la scène montréalaise par les temps qui courent.

D’aussi loin qu’il se souvienne, l’univers de la science-fiction a toujours intrigué Vincent Côté. "Petit, j’étais fasciné par les programmes spatiaux russe et américain. Adolescent, j’ai vu 2001: l’odyssée de l’espace et ce film de Kubrick m’a marqué à cause de son mystère. Ma pièce est très librement inspirée de cette oeuvre", souligne-t-il.

Côté a construit sa pièce en deux parties, sous la forme d’une succession de tableaux reliés les uns aux autres. Le premier segment relève du passé, de la conquête spatiale, de la préhistoire. Le deuxième, qui se déroule en 2110, raconte les aventures d’un équipage d’astronautes envoyé en mission dans l’espace pour explorer les lunes de Jupiter. "Ça parle des origines de l’homme et de son évolution, de son destin inconnu, de ses fantômes et de ses peurs fondamentales. On suit une histoire, mais il n’y a pas de personnages principaux. Chacun des 12 comédiens joue plusieurs rôles dont un plus important. La pièce a quelque chose d’une fresque", affirme le jeune créateur, ajoutant que l’oeuvre cache un filon secret que le spectateur est appelé à découvrir au cours de la soirée. "Je crois fondamentalement que le futur est quelque chose d’inconnu et je ne donne aucune réponse aux questions qui sont posées dans le spectacle. Ici, la science-fiction est un prétexte pour raconter quelque chose de plus large que je ne veux pas dévoiler!"

PARTITION SYMPHONIQUE

Chacun des textes montés par Le Vaisseau d’Or doit être proposé par un des 26 membres de la troupe avant d’être choisi à l’occasion d’un vote collectif. "J’ai vendu le show avant même qu’il n’existe!" confie Côté. "Quand les gens ont voté pour cela, j’ai été obligé de l’écrire! C’est très stimulant!"

Avant d’entreprendre la rédaction de sa pièce, au début 2006, Vincent Côté a dévoré une foule de bouquins sur l’astrophysique, en plus de lire plusieurs romans connexes au sujet et certains ouvrages d’Hubert Reeves. "J’ai également demandé aux comédiens de répondre à un questionnaire très personnel que j’ai rédigé. Leurs réponses ont donné de la chair à mes personnages", lance-t-il. C’est pendant le processus d’écriture que Côté a eu l’idée d’incorporer à son oeuvre la musique de Gustav Mahler. Plusieurs scènes ont même été construites en fonction des symphonies du grand compositeur autrichien. "C’est une musique que j’adore. En l’écoutant, je me suis dit que ce devait être cela qui jouait quand l’univers a été créé."

L’auteur a opté pour une mise en scène axée sur la sobriété et la vérité: "Dans le texte, j’ai utilisé de vrais termes scientifiques. Puis, étant donné qu’on a tous joué à l’astronaute quand on était petit, l’univers faisait déjà partie de notre imaginaire. Évidemment, il a fallu trouver une façon de raconter "scéniquement" cette histoire. Ça a été un défi parce qu’il y a beaucoup de tableaux et de personnages", avoue Côté qui qualifie Odyssées de l’espace de "fascinante et inquiétante". "Il y a beaucoup d’action et de réflexions. Mais fondamentalement, c’est pour moi une pièce sur le courage de l’humain, par rapport à l’exploration de l’inconnu et de ses problèmes…"

Du 27 décembre au 19 janvier
Au Collège Jean-de-Brébeuf