Revue 2007 – Danse : Une année mouvementée
Tel un roseau qui plie mais ne rompt pas, le milieu de la danse québécoise a bravé les vents de 2007 pour déployer sa vitalité créative et affirmer sa volonté de mieux s’enraciner dans la communauté.
Environ 200 $ de rémunération par personne pour 6 représentations, l’animation de 4 ateliers et une centaine d’heures de répétition. Le cas est véridique. Caricature de l’impossible réalité à laquelle est confrontée la nouvelle génération d’artistes en danse. Reflet des difficultés financières qui affectent l’ensemble du secteur et qui ont poussé le Studio 303 à fermer ses portes entre avril et septembre. En 2008, ses employés prendront des vacances forcées pour assurer la saison de diffusion, fournissant un exemple parmi tant d’autres des sacrifices consentis pour l’amour de l’art.
On ne s’étonne donc pas que le Regroupement québécois de la danse (RQD) ait appelé à une mobilisation générale lors de l’ouverture des Grands Chantiers de la danse, phase préparatoire des États généraux programmés l’an prochain. Poursuivant ses efforts de communication avec les instances politiques, le RQD a réussi à faire danser le maire Tremblay à l’occasion de la Journée internationale de la danse (JID), dont les activités ont été marquées par un squat artistique de la Place des Arts. Le RQD semble aussi s’être rallié les sympathies de Christine Saint-Pierre, nouvelle ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, qui a manifesté son soutien à la cause de la danse. La question se pose des moyens qu’elle aura pour le concrétiser. Car juste avant les élections, Line Beauchamp avait marqué un grand coup avec l’allocation de 2,3 M$ à la Compagnie Marie Chouinard pour l’acquisition et le réaménagement d’un bâtiment sur le Plateau-Mont-Royal. Dans la foulée, le collectif du centre Circuit-Est avait reçu 2,1 M$ pour s’installer dans les locaux de l’Espace chorégraphique Jean-Pierre Perreault et rénover ceux de la rue Saint-André.
Au chapitre des bonnes nouvelles, l’avènement du Festival TransAmériques nous a offert une sélection d’oeuvres étrangères de calibre, et on a salué la naissance du magazine Accents Danse, semestriel publié par l’École supérieure de ballet contemporain de Montréal. Des émissions comme Mange ta ville et Ça manque à ma culture ont commencé à creuser un espace télévisuel pour la danse et les jeunes créateurs, tandis que la relève continue d’affirmer sa vigueur avec des activités hors salle qui gagnent en qualité et en popularité. Ainsi, le projet Osez!, de Karine Ledoyen, a fleuri dans cinq villes, La 2e Porte à Gauche s’est illustrée à l’occasion de la JID et de la Nuit blanche du Festival Montréal en lumière, tout comme Les Imprudanses, ligue d’improvisation offrant une perspective rafraîchissante sur la danse contemporaine dans des 5 à 7 dominicaux au Café de l’Usine C.
Parmi les anniversaires célébrés en 2007, les 25 ans du FIFA ont permis la rediffusion de magnifiques films d’art sur la danse et ceux de Danse-Cité, la rencontre de 20 danseurs et musiciens de diverses générations sur une même scène. Cette année, la danseuse étoile Anik Bissonnette a tiré sa révérence, et Maurice Béjart a rendu son dernier souffle à l’âge de 80 ans. Paix à son âme et longue vie à la danse qu’il révolutionna à sa façon dans les années 60.
FLIP/FLOP
FLIP /
L’interactivité
Par exemple, j’ai adoré être questionnée dans mon rôle de spectatrice par le drôle d’objet artistique dénommé Entre-deux par Marie-Claude Poulin et Martin Kusch et présenté à l’Usine C. J’ai aimé y être sollicitée physiquement comme j’ai aimé pouvoir me déplacer à ma guise dans l’univers surréaliste et ludique installé à Tangente par le collectif mexicain Ceropuntocero pour son Dialogue entre nomades.
L’interdisciplinarité
À l’Agora, la comédienne Marie Brassard m’a bouleversée en entrant dans la danse d’Isabelle Van Grimde et de son Perspectives Montréal. Quant à la pièce Norman, à la Cinquième Salle, elle m’a procuré joie et émerveillement grâce à l’intelligence et aux projections virtuelles de Michel Lemieux et de Victor Pilon, associées au talent du performeur Peter Trosztmer.
FLOP/
Men-Jaro
Les plus douloureux flops sont souvent les spectacles pour lesquels on nourrissait beaucoup d’attentes. Ainsi, le si charismatique soliste sud-africain Vincent Mantsoe a investi la scène du Théâtre Maisonneuve avec Men-Jaro, une pièce de groupe mal construite à saveur désuète.
Trois territoires quotidiens
À l’Agora, Estelle Clareton et Harold Rhéaume ont voulu s’amuser avec Trois territoires quotidiens, une oeuvre à tiroir dont le concept et la mise en espace étaient intéressants, mais dans laquelle ils ont offert un duo ne rendant pas hommage à leur talent.