Evelyne de la Chenelière et Daniel Brière : Une famille moderne

Drôle de distribution que celle de la plus récente production du Nouveau Théâtre Expérimental. Dans Le Plan américain, Evelyne de la Chenelière et Daniel Brière, auteurs, metteurs en scène et comédiens, ont pour parents… Anne-Marie Cadieux et Normand D’Amour! "On trouvait ça amusant de ne pas suivre la réalité des âges, explique Brière. On voulait plutôt aller vers une situation interchangeable. Que ce soit le père et le fils ou la mère et la fille, ils ont dans leur identité quelque chose de très semblable, mais ils veulent tous être différents."

Encore une histoire de famille, direz-vous? Oui, mais que l’on se rassure, la maisonnée du Plan américain n’a rien à voir avec celles, tiraillées par de lourds secrets, de nos téléromans. Pas de grosses chicanes à l’horizon, mais une bonne dose de satire et d’humour. "Qu’on le veuille ou non, estime Chenelière, il y a ces jours-ci une sorte de quête sur ce que devrait représenter la famille, aussi multiples que puissent en être ses formes. Il y a des familles reconstituées, monoparentales, des enfants adoptés… On croit que ça amène une liberté dans la définition, mais ce n’est pas nécessairement vrai. Il y a un cliché très moderne de la famille d’aujourd’hui."

Microcosme familial

À vrai dire, la famille est plus un prétexte que le sujet de cette comédie satirique sur le sens de la vie. Chenelière explique: "Plus nous avancions dans la conception et l’écriture, plus cette famille devenait le moyen de traiter d’une microsociété où chaque individu souhaiterait se définir. C’est exactement ce que fait ce petit noyau de quatre individus." Ainsi, chacun des quatre personnages, lié aux autres par le sang, tente de justifier son existence par de vibrants moyens. Leur quête de sens se transforme en quête de sensations fortes, une course à l’extase dans laquelle ils s’engagent en suivant des chemins très différents. On accompagne les protagonistes dans un "plan", une intrigue qui devrait nous tenir en haleine tout au long de la pièce. "Le fameux plan, c’est un peu le fil de l’action, affirme Brière. Il y a un coup qui se monte tout au long de la pièce. En ce sens, c’est très cinématographique."

Pour la mise en scène, ce sont les procédés photographiques qui ont servi d’inspiration. "Le spectacle est construit comme une série d’images photographiques, révèle Brière. Parfois on se demande si on voit la réalité, ou bien si la réalité a été modifiée. On va même jusqu’à changer l’angle d’une même scène en la refaisant trois fois, dans autant de points de vue." Par une série de courts tableaux particulièrement rythmés, les concepteurs estiment explorer la perception de l’image. "Finalement, c’est très moderne! explique Brière. On fait des blagues en disant que l’on ne veut pas faire du théâtre moderne, mais on s’amuse en faisant des clins d’oeil."

Avant même de se décider sur les sujets à aborder, Chenelière et Brière – un couple à la ville comme à la scène – tenaient à ce que ce projet commun voie le jour. Après Henri et Margaux et Nicht retour, Mademoiselle, Le Plan américain est la troisième de leurs créations en tandem. "On est très occupés chacun de son côté et c’est un moment de création que l’on aime se réserver, soutient Chenelière. C’est très stimulant! Dans notre créativité, en tant qu’artistes, Daniel et moi sommes de vrais complices."

Du 9 janvier au 2 février
À Espace Libre
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