ZAP 2007 : Bande de culottés
Les Zapartistes tiennent cette année encore leur traditionnelle revue, un joyeux condensé de leurs meilleurs numéros des 12 derniers mois. Rencontre avec Christian Vanasse.
Selon Christian Vanasse, ZAP 2007 n’est pas tout à fait un best of parce que l’actualité est en constante évolution: "Ce qu’on faisait dire à Jean Charest au début de l’année a été modifié par le cours des événements. La revue annuelle nous permet donc de retracer ce qui s’est passé dans l’année, mais aussi de donner un nouvel angle à nos numéros, et même d’essayer de prévoir ce qui va se passer ensuite."
Du coup, Les Zapartistes – Christian Vanasse, François Parenteau, François Patenaude et Nadine Vincent (qu’on ne voit jamais sur scène), sans oublier leur fidèle stagiaire Brigitte Poupart et leur habilleur sonore Éric Desranleau (du groupe Mes Aïeux) – sont en mesure d’offrir un spectacle au contenu acéré. "Avec le recul, explique Vanasse, on est capables de tamiser la nouvelle pour garder seulement l’essentiel. En 2006, on s’était laissé prendre au jeu en parlant des accommodements raisonnables, pour se rendre compte ensuite qu’il n’y avait pas de crise." À en croire Vanasse, le sujet ne sera pas au centre de ZAP 2007. "Le thème porteur de notre année, c’est: "On va mettre nos culottes!" Le sous-entendu, c’est que les Québécois se promènent en bobettes depuis des années. D’Hérouxville jusqu’à la position de Stephen Harper dans le dossier Kyoto, c’est magique à quel point l’expression "mettre nos culottes" est devenue importante au Québec. C’est une phrase tellement vide de sens! Mais c’est très drôle, et c’est un thème qui revient souvent dans le spectacle."
Selon l’humoriste, le défi d’une revue, c’est de trouver le bon angle pour aborder un sujet. "Prenons comme exemple les accommodements raisonnables et la commission Bouchard-Taylor. Est-ce qu’on fait défiler sur scène des personnages tous plus stupides, misogynes et racistes les uns que les autres ou est-ce qu’on décrit comment les citoyens s’y sont pris pour présenter leurs commentaires au sujet d’un problème complexe? On a choisi la seconde option, ce qui permet de comprendre quelque chose de fondamental chez les Québécois: on a peur de dire ce qu’on pense!"
Sur le plan politique, outre la commission Bouchard-Taylor, il sera question d’André Boisclair, de Stéphane Dion, de l’ADQ, des conservateurs, de Pauline Marois et de Nicolas Sarkozy. Les Zapartistes parleront aussi du huard, des avions Bombardier, des algues bleues, de l’environnement, des viaducs et des aînés, le tout dans un décor minimaliste mais au cours d’une soirée enrobée de musique.
CHANGER LE MONDE
Dans le milieu de l’humour au Québec, Les Zapartistes font figure de mouton noir. Rares sont ceux qui, comme eux, font de l’humour politique. Christian Vanasse déplore d’ailleurs le fait qu’en ce début de 21e siècle, s’il veut entendre de l’humour un peu plus méchant, il doit se tourner vers les stations anglophones et états-uniennes, écouter This Hour Has 22 Minutes (à CBC) ou encore Denis Leary. "On a décidé de faire ce qu’on aime et ce qui nous ressemble. Tant mieux si ça plaît à du monde. À nos débuts, bien des producteurs nous disaient de ne pas faire d’humour politique parce que les gens n’aimaient pas ça. On ne dit pas que seul l’humour engagé est bon. Au contraire, on aime que le menu soit diversifié."
Vanasse, qui a déjà enseigné à l’École nationale de l’humour, fait remarquer qu’il n’y a pas que les humoristes qui se contentent de parler au "je". "Dans la culture en général, on parle beaucoup du moi. Au théâtre, il n’y a plus de collectifs pour aborder les questions sociales comme le faisait notamment Michel Tremblay avec Les Belles-Soeurs. Aujourd’hui, on voit beaucoup de pièces à un ou deux comédiens, qui parlent de leurs petites affaires et de leur vécu. C’est correct que ça existe. Mais il ne faudrait pas qu’on se mette tous à parler des mêmes thèmes. Il ne faut pas se limiter à offrir du comfort food au public." L’objectif des Zapartistes n’est pas de changer le monde: "On se contente d’alléger les choses, de les remettre dans leur contexte et de faire descendre les idoles de leurs piédestaux. Si on fait réfléchir le public, tant mieux! Mais ce n’est pas le rôle de l’humour de changer la société. C’est à la société de se changer elle-même."
Sachez que le DVD de ZAP 2006 est toujours offert en magasin et que celui de ZAP 2007 sera lancé en mars.
Le 5 janvier à 20h
Au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke
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