Geneviève L. Blais : Enveloppe maternelle
Geneviève L. Blais s’approprie Blanc, une pièce de la Française Emmanuelle Marie qui aborde la perte de la mère.
Après Quelques éclats de verre (2004), Combats (2005) et Les Châteaux de la colère (2006), le Théâtre à corps perdus, fondé en 2003 par Geneviève L. Blais, présente Blanc, une pièce de la Française Emmanuelle Marie qui s’appuie sur la question suivante: comment affronter la mort de celle qui nous a donné la vie? Blais dirige Simone Chevalot et Isabelle Roy.
Dans Blanc, deux soeurs se retrouvent au moment où, alitée dans une chambre, leur mère agonisante vit ses derniers moments. Dans la pièce d’à côté, ne sachant que faire, les filles discutent, fument, cuisinent un boeuf carottes, mangent des tartines au chocolat. "La mort amène des questions, explique Blais. Pourquoi on vit? Pourquoi on lutte? La maladie fait ressurgir la question de l’absence, l’absence du père dont on attend la venue et l’absence de communication, parce que leur mère ne parle pas. Les soeurs, qui cherchent des réponses à la mort, se retrouvent devant un vide…" Blais estime que l’écriture d’Emmanuelle Marie a un côté hyper-quotidien et un autre plus onirique qui évoque de grandes questions existentielles. "J’avais le désir de parler de la mort, et cette pièce le fait d’une façon très humaine qui me touche beaucoup."
La jeune metteure en scène, qui n’a jamais été en contact direct avec la mort, cherchait un moyen de comprendre davantage l’état physique et émotif qui résulte de la perte d’une mère. Pour ce faire, elle a placé une annonce afin de trouver 12 femmes ayant surmonté cette douloureuse épreuve. "C’est un sujet loin de moi et qui m’effrayait beaucoup. J’avais le goût de me rapprocher de la quotidienneté de cette expérience, tout en proposant une ouverture vers quelque chose de plus grand. C’est ce qui m’a amenée vers cette multitude de corps. En parlant avec ces femmes-là, j’ai eu envie qu’elles montent sur scène."
C’est donc le témoignage de ces femmes qui ouvre la soirée, avant que celles-ci ne prennent place autour du public pour les envelopper de leur présence. "Il y a des échos entre leurs propres expériences et l’histoire qu’elles se font raconter. Elles interviennent au cours du spectacle pour chanter ou pour partager les mots de la pièce qui résonnent en elles." La créatrice admet s’être grandement inspirée de ce groupe de femmes pour créer sa mise en scène. "Je m’intéresse beaucoup à l’expérience sensorielle d’un spectacle. En lisant ce texte, je me suis sentie enveloppée par lui et j’ai eu envie de proposer cette sensation aux spectateurs."
Emmanuelle Marie a écrit Blanc en 2004, lors de sa venue à Montréal dans le cadre d’une résidence d’auteur au CEAD. Elle devait assister à la première montréalaise du spectacle, mais un cancer foudroyant l’a récemment emportée, juste après la création de sa pièce à Paris. "Ça m’a beaucoup troublée, explique Blais. Je lui avais parlé du projet, elle était très excitée que ça se monte ici. Elle avait adoré Montréal. Notre hiver blanc l’avait éblouie. De là le titre de la pièce." Malgré un sujet sombre, Blais jure que la pièce demeure lumineuse. "Comme dans une tempête, on a la sensation d’une perte de repères, mais on retrouve cette lumière unique, comme quand la neige recouvre les arbres."
Jusqu’au 26 janvier
À la Salle Fred-Barry
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