Catherine-Anne Toupin : Les voisins
Scène

Catherine-Anne Toupin : Les voisins

Avec sa deuxième pièce, À présent, Catherine-Anne Toupin explore les pulsions secrètes, celles qui sont enfouies en chacun de nous.

D’entrée de jeu, Catherine-Anne Toupin, auteure et comédienne, confie qu’il n’est pas évident de parler des pièces qu’elle écrit. "Puisqu’elles sont toujours construites comme des suspens, plus je donne d’informations, moins il y a de surprises pour les spectateurs!" Après avoir créé L’Envie, la première pièce de sa complice, sous la bannière du Théâtre ni plus ni moins, Frédéric Blanchette (Cheech, Le Périmètre) se mesure ces jours-ci, sous les auspices du Théâtre de La Manufacture, à une oeuvre bien plus troublante, À présent.

Adolescente, Toupin se délectait des films d’Alfred Hitchcock pendant que ses copines regardaient en boucle Dirty Dancing. On n’a pas de difficulté à le croire. "Avec cette pièce, lance-t-elle, j’avais le désir de m’éloigner d’un théâtre plus réaliste et directement relié à nos vies quotidiennes. J’ai voulu toucher à quelque chose de plus viscéral, sombre ou énigmatique dans l’être humain." Alors qu’ils traversent une période noire et difficile de leur vie, Alice (Toupin) et Benoît (David Savard) emménagent dans un nouvel appartement. Les deux amoureux font alors la rencontre de leurs voisins de palier, la famille Gauche (Monique Miller, François Tassé et Éric Bernier). "Tranquillement, explique Toupin, cette famille étrange et envahissante va venir s’immiscer dans la vie du couple et faire basculer leur existence à tout jamais."

L’auteure avoue que ses cinq personnages sont malheureux, isolés et prêts à tout pour changer leur vie. "Lentement, on se rend compte que leurs pulsions et leurs désirs secrets se répondent et s’emboîtent. En ce sens, la pièce aborde également le rôle que les gens jouent dans notre existence. À cause de l’habitude et de l’érosion du temps, nos proches deviennent parfois des fonctions dans nos vies et cessent d’être des personnes avec qui on entretient un réel échange."

En plus d’être deux des thèmes fondateurs de la pièce, l’inconscient et l’instinct ont guidé Toupin dans son processus d’écriture, de janvier à juin 2005. "C’est la première fois que j’écris aussi librement, sans me censurer. Chaque matin, devant mon ordinateur, j’avais plein de flashs et d’images que je laissais remonter à la surface. C’est pour cela que j’ai demandé à Frédéric de monter la pièce. Il aurait été facile d’en faire un objet complètement étrange, mais je voulais que l’on croie aux personnages. Cela dit, c’est la première fois que Fred introduit dans sa mise en scène certains éléments plus éclatés, des détails qui nous font décoller d’un certain réalisme. C’est très grinçant, on rit jaune!"

Lorsqu’elle évoque le jeu des comédiens avec qui elle partage la scène, les yeux de Toupin s’illuminent. "Monique Miller est formidable. Même chose pour François Tassé. Ce sont des acteurs d’une autre génération, des comédiens que je n’avais pas encore côtoyés. Ils ont tellement d’années de métier dans le corps. Travailler avec eux, c’est une expérience formidable!"

Du 15 janvier au 23 février
À La Licorne
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