Le Plan américain : Les cyniques
Scène

Le Plan américain : Les cyniques

Le Plan américain de Daniel Brière et Evelyne de la Chenelière est le reflet acerbe d’une société bien connue, la nôtre.

Avec Le Plan américain, Daniel Brière et Evelyne de la Chenelière brossent le portrait d’une famille nord-américaine aussi fonctionnelle que décousue. Le spectacle est une course à l’ardeur, au bouillonnement, aux sensations fortes. Scène après scène, tout bouge vite. Difficile de caser cet objet théâtral, qui révèle des bribes de vie davantage qu’une histoire.

Le père (Normand D’Amour) a beau aimer les gens, il les préfère morts. Photographe de guerre, il passe sa vie à saisir le malheur des autres. La mère (Anne-Marie Cadieux) donne dans l’art contemporain et n’a rien à cirer du Moyen-Orient et de ses cadavres. Femme du monde ultramoderne, elle essaie tant bien que mal de se rappeler comment doit agir une mère avec ses enfants. Fruits de leur union, un frère et une soeur (Brière et de la Chenelière) dont la relation frise l’inceste. Des enfants désabusés et pris d’une haine féroce pour le genre humain. À tel point qu’ils font – excessivement – de l’espèce animale leur cause, leur raison de vivre. OEuvre grinçante et luxuriante, la pièce n’est pas un spectacle d’humour, mais on s’amuse fort. On rit jaune, on rit amer, on rit tout court. Ce zoom sur l’absurdité régnante d’une société choyée met en scène des personnages possédés par une détresse qui se traduit par leur recherche d’identité. Plutôt lourd comme sujet. Mais grâce au remarquable talent des comédiens et à une mise en scène ingénieuse, l’humour habite les planches avec finesse et efficacité. La carte de la satire, un style propre au Nouveau Théâtre Expérimental, est jouée à fond.

Cynique, le texte est décapant dans toute sa sobriété. Les deux auteurs n’ont rien inventé, ils n’ont que grossi des situations. La richesse du contenu se trouve d’ailleurs dans cet accablant sentiment de déjà vu qui découle de chacune des scènes. Car s’il s’agit d’un portrait caricatural, il est néanmoins pourvu d’un certain réalisme. Tout compte fait, mieux vaut en rire que d’en pleurer.

Jusqu’au 2 février
À l’Espace Libre
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L’humour des Zapartistes ou de Marc Labrèche