Philippe Soldevila et Hélène Robitaille : Les grandes espérances
Philippe Soldevila et Hélène Robitaille nous parlent de Santiago, la plus récente création du Théâtre Sortie de Secours, enfin à Montréal.
Pour souligner les 18 ans du Théâtre Sortie de Secours, ses membres ont décidé d’entreprendre avec Santiago une nouvelle phase de création, où ils se poseront des questions d’adultes, sur le rapport de l’homme à l’idée de Dieu, la relation entre l’intime et le céleste. Mais attention, ce Cycle d’or n’a rien d’une démarche religieuse ou pastorale.
En fait, ce qui fascine le metteur en scène Philippe Soldevila dans la pièce d’Hélène Robitaille, créée au printemps dernier à Québec et publiée il y a peu chez L’Instant même, c’est la notion d’espoir. "Cet espoir que, tout d’un coup, on va être touché par une lumière, une réponse, un chum, une blonde, une job, qui va éliminer toute forme de conflit, d’angoisse, de crainte. Comme si on était des enfants devant le chaos de l’humanité et qu’on attendait désespérément que quelqu’un avec une baguette magique nous dise que tous nos problèmes sont réglés. Je pense que c’est profondément ancré en nous et qu’il n’est pas étonnant que des gens se servent de ça pour provoquer des guerres, pour manipuler les hommes à leur profit."
Ainsi, la pièce a beau raconter un pèlerinage à Santiago (Saint-Jacques-de-Compostelle), dans un Moyen Âge imaginaire et magique, Hélène Robitaille nous affirme que les espérances tout humaines qu’elle met en scène sont aussi actuelles que tendres et amusantes. "Sur le chemin de Compostelle, on doit être attentif à l’étoile filante, à la rencontre de la fille qui est née le même jour que soi… Je trouve ça tordant et ça me touche, alors je me suis servi de ce principe. Ici, tout prend une dimension significative, et l’humour est beaucoup là-dedans."
Dans un registre plus lumineux qu’à son habitude, la dramaturge y va de sa propre profession de foi. "Je pense que quelqu’un qui a commis une faute peut atteindre le pardon. J’ai vraiment besoin de le croire." D’où cette histoire d’un homme hanté par sa culpabilité qui, après avoir rencontré un groupe de pèlerins, se voit entraîné un peu malgré lui jusqu’à Compostelle, où il arrivera peut-être à trouver la paix. "Ce n’est pas du tout psychologique, précise l’auteure. Ça prend plutôt les accents d’un conte."
Dès le premier enchaînement, Robitaille a été charmée par le travail de Frédérick Bouffard, Normand Poirier, Pierre Potvin, Lucien Ratio, Marie-France Tanguay, Marjorie Vaillancourt et Réjean Vallée. "J’ai l’impression de me retrouver dans mes chaussures, de voir ce que j’avais imaginé. La mise en scène est extrêmement chorégraphiée, minutieuse. Je suis en confiance par rapport au ton. C’est ce que je voulais écrire, quelque chose de drôle et de dramatique à la fois."
La représentation parviendrait donc à intégrer les différentes facettes de l’oeuvre: la marche des pèlerins, l’aspect fantastique du récit et ses moments plus réalistes où force détails passent par le non-dit. "Il fallait beaucoup travailler le mouvement, explique Soldevila. Harold Rhéaume nous a aidés à concrétiser les idées que j’avais en ce qui concerne les marches. Je ne voulais pas hésiter à aller dans les extrêmes et à créer une complicité avec le public. Le défi était de garder l’idée de road theatre, que ça bouge tout le temps, sans perdre le texte."
Du 15 janvier au 2 février
Au Théâtre d’Aujourd’hui
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