Tsuru : Le langage perdu des grues
Scène

Tsuru : Le langage perdu des grues

Huit ans après avoir présenté Tsuru pour la première fois, Carbone 14 et le Théâtre En l’Air récidivent à la Maison Théâtre pour entamer en grand la nouvelle année.

Forte de son Masque et de son prix du Conseil des Arts du Canada pour la meilleure production jeune public, l’équipe de Tsuru a cependant dû compter sans sa metteure en scène originale et auteure, Anne-Marie Théroux, décédée en 2004. Robert Drouin, son conjoint, cofondateur du Théâtre En l’Air, a repris le flambeau pour nous offrir à nouveau cette pièce magnifique et touchante.

Tsuru raconte l’histoire d’Ogi, un homme qui, lors de la fête des Lanternes, se souvient pour sa fille Yukiko du dernier été passé en compagnie de son ami Nao avant qu’il ne s’éteigne. Âgés de 11 ans, les enfants écoulent les vacances à jouer aux samouraïs et à combattre les dragons d’eau, jusqu’à ce qu’un jour Nao soit trop malade pour rejoindre son ami. Ogi lui fait alors cadeau de l’oeuf d’une grue qui sera baptisée Tsuru, et avec qui Nao se liera à la vie comme à la mort. Explorant les thèmes de l’amitié et de la fidélité autant que de l’innocence, la pièce traite avec simplicité, force et beauté des liens qui ne s’effacent ni avec le temps, ni avec la mort. Dans un univers japonais, les décors, accessoires et costumes sont simples et transformables, offrant à la fois une esthétique épurée et un soutien pratique mais plein de sens. Pensons seulement aux éventails de Nao se transformant tour à tour en arme, vague, rame ou vent dans une suggestivité élémentaire mais incroyablement efficace et jolie. Même Tsuru, une grue de cinq pieds manipulée par deux marionnettistes, ne se grandit pas inutilement et suit sobrement la mesure, tout en se faisant attachante et drôle malgré son affreuse voix.

La grande présence physique des deux acteurs retient tout de suite l’attention et donne aux personnages une apparence enfantine mais jamais caricaturale. Rythmés, ils s’accordent admirablement avec la mise en scène qui utilise de justes allers-retours entre l’humour, la vitesse et l’énergie, et la fable, plus lente et riche. Bien charpentée et judicieusement dosée, la pièce arrache des "oohhh!" et des "aahhh!" mérités à tous les groupes d’âge.

Jusqu’au 27 janvier
À la Maison Théâtre
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