Passages : Retour à la terre
Scène

Passages : Retour à la terre

Avec Passages, la compagnie Matériaux Composites propose un monde sensible et profond où s’allient l’identité, la mémoire et une parcelle d’enfance.

Présentée pour la première fois en 2006 entre les murs de l’UQAM, Passages devient l’année suivante le sujet de maîtrise d’Anne Sophie Rouleau. Deux ans plus tard, les membres de la compagnie Matériaux Composites révèlent une production qui se veut plus mature et affinée, mais qui n’en garde pas moins sa fraîcheur et son humour.

Constituée de textes de Gertrude Stein, Jean-Luc Lagarce et Alessandro Baricco, la pièce ne présente aucune intrigue. Elle préfère laisser parler d’eux-mêmes des matériaux sensibles qui s’unissent dans le mouvement, le rythme et la répétition; matériaux symboliques et évocateurs plutôt que descriptifs. Dans l’ensemble, on constate un certain retour aux sources, que ce soit dans la présence de symboles de l’enfance (un avion en papier, une petite robe blanche, un ourson en peluche) ou dans l’évocation de la nature (on parle de feu, de fleuve et de pluie en se vautrant dans la terre recouvrant la scène). Cette quête des origines se manifeste également dans la simplicité des décors, des costumes et des accessoires. L’attention se dirige ainsi sur les acteurs.

Dans un jeu souvent physique où danse et acrobatie sont convoquées, le corps explore ses forces et ses faiblesses, se met en danger, en équilibre sur une pile de livres, ou s’abandonne jusqu’à évoquer une poupée de chiffon. Cela dit, les performances ne sont pas égales. Difficile de comparer la voix immense et l’articulation sans faille de Simon Gfeller, chanteur de formation classique, avec la prononciation défaillante de Patricia Leblanc ou le manque de projection de Noë Cropsal. Dans l’ensemble, les protagonistes se cantonnent dans leur zone de confort, ce qui amène un léger manque de cohésion mais aussi une belle diversité dans les apports.

En somme, Passages réussit à se défaire de l’étiquette souvent incommodante de "production étudiante". Sans entrer dans les annales, le spectacle constitue un élément intéressant et différent dans notre paysage théâtral actuel.

Jusqu’au 26 janvier
Au Théâtre La Chapelle
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