Santiago : Sur la route
Scène

Santiago : Sur la route

Avec Santiago, le Théâtre Sortie de Secours entame de fort belle manière une nouvelle phase de création.

Pour souligner les 18 ans d’existence de leur compagnie, les membres du Théâtre Sortie de Secours ont décidé d’aborder des sujets d’adultes. Le résultat est plus qu’heureux! Avec Santiago, un conte médiéval d’Hélène Robitaille créé à Québec en mars dernier et de passage à Montréal ces jours-ci, on entre avec sensibilité, pertinence et surtout en toute légèreté dans des questions d’ordre métaphysique.

Mise en scène par Philippe Soldevila, la pièce nous fait marcher dans les pas d’un groupe de pèlerins en quête de rédemption. Durant les deux heures que dure le trajet vers Compostelle, nous sommes avec eux, corps et âme, portés par l’espoir d’un pardon. On rencontre tout d’abord Jacquot, le voleur de grand chemin, un homme que la vie n’a pas épargné. Puis surgit Ambrosio, un pèlerin tourmenté à la tête d’une tribu pas banale: sa fille Marta, 16 ans, son fils adoptif Daniel, 13 ans, et son ami Eugenio, dit Le Lent, un homme au coeur pur qui a un sérieux penchant pour le vin. Leur route sera parsemée d’embûches, mais aussi de magie et de merveilleux. Au terme de ce voyage éminemment initiatique, après avoir affronté leurs démons, croisé le fer avec la honte et la mort, les membres du groupe seront transformés à jamais. Sur la musique juste assez médiévale de Pascal Robitaille, dans les superbes costumes d’Erica Schmitz, foulant avec précision l’espace étagé qu’a imaginé et éclairé Christian Fontaine, les sept comédiens font pour ainsi dire défiler le paysage sous nos yeux. Normand Poirier, Pierre Potvin et Réjean Vallée offrent sans nul doute les plus beaux moments du spectacle. Grâce au chorégraphe Harold Rhéaume, les marches deviennent de petits moments de grâce, de précieux points d’orgue.

À une époque où le Québec se définit plus que jamais comme un état laïque, de jeunes auteurs comme Hélène Robitaille, mais aussi comme Stéphane Brulotte (avec Le Fou de Dieu), articulent toute une pièce autour d’un sujet religieux comme François d’Assise ou les pèlerins de Compostelle. Certains y verront de l’audace et d’autres, un inquiétant retour en arrière. Chose certaine, chaque fois que ce sera pour nous offrir d’aussi beaux moments de théâtre, loin de tout moralisme, chaque fois que ce sera pour poser des questions judicieuses plutôt que pour donner des réponses toutes faites, alors on sera du voyage!

Jusqu’au 2 février
Au Théâtre d’Aujourd’hui
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