Louise Marleau et Gilbert Sicotte : L'histoire sans fin
Scène

Louise Marleau et Gilbert Sicotte : L’histoire sans fin

Louise Marleau et Gilbert Sicotte forment un couple dans Les Grandes Occasions, une pièce du dramaturge états-unien d’origine canadienne Bernard Slade.

Traduite par Michel Tremblay, la comédie dramatique de Bernard Slade Les Grandes Occasions, créée à New York en 1982, prend ces jours-ci l’affiche du Rideau Vert dans une mise en scène de Frédéric Blanchette. Les deux personnages, Louise et Michel, parents de trois enfants, s’apprêtent à divorcer après 20 ans de vie commune. Et pourtant, ils sont bien loin de se dire adieu.

Louise Marleau explique: "Le public assiste à l’évolution de ces deux personnages. Au fil des 10 années qui suivent leur séparation, ils se recroisent pour de grandes occasions: le concert de l’aîné, un anniversaire ou un enterrement." La pièce démontre que si le temps use les relations amoureuses, il tisse sans contredit des liens indélébiles entre les êtres. Gilbert Sicotte, qui remonte sur scène après cinq ans d’absence, commente: "Cette idée que tout est noué, que la vie est une boule tissée serré et qu’une foule de choses peuvent unir deux individus malgré certaines brisures, voilà un phénomène que je trouve très intéressant."

Selon Marleau, les deux personnages ne cessent de nous intriguer. "Ils ont l’un pour l’autre un amour qui est toujours plus ou moins sur le point de ressurgir. Mais, comme dans la vie, l’élan peut être coupé par un simple manque de timing." Union et désunion, tendresse et confrontation, voilà un cheminement amoureux plutôt réaliste, une relation dans laquelle, estime Sicotte, "une foule de gens risquent de se reconnaître".

Chose certaine, la pièce rejoint l’existence même des comédiens. "Ce sont nos vies que l’on joue! lance Marleau. Louise et Michel appartiennent, comme nous, à la génération des baby-boomers." Si les interprètes affirment avoir puisé dans leur vie personnelle pour incarner leur personnage, ils avouent également s’être inspirés du vécu de leur partenaire de jeu. "Gilbert et moi, explique Marleau, on se connaît sans se connaître totalement! Juste assez pour imaginer. Et c’est avec ce mélange de connu et d’inconnu qu’on travaille."

Puis, après une pause, la comédienne ajoute: "Je vis un divorce. Tout le monde le sait, on peut en parler! J’entre parfois en salle de répétition peu de temps après être sortie d’une salle de médiation. Je crois que Gilbert en attrape un peu. Mais tout cela fait partie du jeu des acteurs." Sicotte acquiesce: "Les comédiens sont des voleurs de vie."

À propos de la pièce, particulièrement inspirante, les deux interprètes ne tarissent pas d’éloges. "La pièce est fort bien écrite, estime Sicotte. Par exemple, on ne voit jamais les enfants, bien qu’on en parle constamment, comme s’ils étaient présents." "Pour des acteurs, ajoute Marleau, c’est un exercice de style. On passe sans cesse d’un état d’âme à un autre. Le parcours de la femme est intéressant. Elle évolue en se reconstruisant. Alors que le trajet de l’homme est plus en dents de scie." À ce moment précis, Sicotte semble sceptique. En riant, Marleau lance: "On se chicane des fois, parce qu’on défend nos personnages!" Voilà une rencontre qui risque fort d’être pimentée.

Du 5 février au 1er mars
Au Théâtre du Rideau Vert
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