Ben Gonshor : L’illusionniste
Ben Gonshor est l’auteur de Houdini, une comédie musicale produite par le Leanor and Alvin Segal Theatre et le Festival Montréal en lumière.
Ils seront près d’une trentaine de comédiens, chanteurs, acrobates et musiciens. On nous promet des flammèches, des rebondissements, de l’action du début à la fin. La comédie musicale Houdini a beau se dérouler dans la langue de Shakespeare, Ben Gonshor assure que les francophones pas tout à fait bilingues y trouveront leur compte. D’une part, parce que les gens connaissent bien le légendaire magicien et de l’autre, parce que l’histoire est racontée dans un contexte de showbiz.
Pour Gonshor, l’histoire de Harry Houdini ne pouvait s’incarner autrement qu’en une comédie musicale. On doit par conséquent s’attendre à ce que la représentation, tout comme le faisait le prestidigitateur états-unien d’origine hongroise, cherche à épater la galerie. "On décrit un moment de l’histoire où le vaudeville et l’extravagance avaient la cote, explique Gonshor. Ce n’est pas comme si on regardait une simple biographie d’un homme connu. C’est un vrai spectacle, du divertissement, quoi!"
Cela dit, n’allez surtout pas croire que les aventures du célèbre Houdini ne sont que poudre aux yeux. "On reproduit quelques-uns de ses trucs de magie les plus connus, révèle Gonshor. Mais ce n’est pas un cabaret pour autant." Du coup, une partie du spectacle montre comment Houdini a commencé sa carrière, au temps des cabarets de curiosités sur Coney Island, à New York. L’oeuvre lève aussi le voile sur la vie privée du personnage, à savoir la relation qu’il entretenait avec sa famille. "Houdini était très proche de sa mère, explique l’auteur. Quand elle est décédée, il a voulu savoir s’il était possible d’avoir des contacts avec l’au-delà." À l’époque, le courant du spiritisme (une science occulte fondée sur l’existence, les manifestations et l’enseignement des esprits) battait son plein.
Sir Arthur Conan Doyle faisait partie de ce mouvement et était convaincu que Houdini avait des pouvoirs supranaturels. Le créateur de Sherlock Holmes a même invité le célèbre illusionniste à une séance de spiritisme, lui promettant qu’il "rencontrerait" sa mère. Mais il n’en fut rien. "À partir de ce moment, explique Gonshor, Houdini est parti en croisade contre ce mouvement. Lors de tous ses spectacles, jusqu’à la fin de sa carrière, c’est-à-dire jusqu’à sa mort, il a critiqué le spiritisme et s’en est pris aux charlatans."
Petite anecdote. Saviez-vous que Houdini avait l’habitude de demander à quelqu’un dans le public de lui infliger un coup de poing dans le ventre, pour prouver qu’il était invincible? À Montréal, en 1926, un spectateur s’est exécuté sans attendre le signal du magicien. Résultat: Houdini succomba, quelques jours plus tard à Detroit, des suites d’une rupture de l’appendice. Et puisqu’il est question de Montréal, notons que Houdini est une création 100 % montréalaise. Elan Kunin signe la musique et les paroles, Bryna Wasserman, la mise en scène et Sara Brians, les chorégraphies. Ces talents montréalais, Gonshor semble déterminé à les faire découvrir au plus grand nombre. "J’espère que l’on pourra s’exporter, au même titre que le Cirque du Soleil ou Céline Dion. Je souhaite vraiment que ce soit un projet dont les Montréalais seront fiers."
Jusqu’au 2 mars
Au Centre Segal
Voir calendrier Théâtre