Les Grandes Occasions : Bonheur d’occasion
Le Théâtre du Rideau Vert entame joyeusement sa saison hivernale avec Les Grandes Occasions, une comédie romantique de Bernard Slade.
Vingt-cinq ans après sa création, Les Grandes Occasions, une pièce du dramaturge états-unien d’origine canadienne Bernard Slade, ici traduite par Michel Tremblay, n’a pas pris une ride. Sous la houlette de Frédéric Blanchette, Louise Marleau et Gilbert Sicotte nous entraînent avec un bonheur certain dans les aléas de la vie conjugale.
Alors qu’ils viennent tout juste de célébrer leur 20e anniversaire de mariage, Louise et Michel discutent, dans le salon de leur maison cossue de Santa Monica, des arrangements de leur divorce. C’est le début d’une longue succession de retrouvailles ponctuelles, des rencontres chaque fois hautes en couleur. Au fil des ans, les deux personnages, parents de trois enfants, n’ont de cesse de se retrouver pour de grandes occasions: le concert de leur fille, la collation des grades de leur fils ou l’enterrement de la belle-mère.
À l’aide d’une succession de scènes truffées de dialogues mordants, le public suit, sur dix ans, les évolutions à la fois parallèles et communes de Louise et Michel. En plus de nous arracher quelques rires bien sentis, les protagonistes nous lancent des pistes de réflexion du genre: pourquoi attendre d’être séparé avant de communiquer librement et sereinement ses besoins à l’être aimé? Nostalgie, culpabilité, amour et attachement, autant de thèmes abordés ici avec humour et légèreté. Nombreux sont ceux qui se reconnaîtront, de près ou de loin, dans ce couple lié par d’innombrables moments mais victime de l’érosion du temps. Pour évoquer les multiples lieux de rencontre, Blanchette a opté pour un plateau tournant. Le procédé apporte clarté et dynamisme, mais les intermèdes entre chaque scène amoindrissent parfois le souffle dramatique.
Sur les planches, la complicité des deux comédiens se dessine tranquillement mais sûrement. Marleau campe avec justesse une femme cynique qui noie ses peurs dans l’alcool. Sicotte offre des moments de pur délice, notamment lorsqu’il rampe, souffrant et gémissant, vers le lit nuptial de son ex-épouse. Malgré le caractère burlesque de la scène, le comédien réussit à éviter la caricature et les clichés propres à la comédie romantique.
Jusqu’au 1er mars
Au Théâtre du Rideau Vert
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