Marie-Ève Dubé et Anne-Marie Guilmaine : Dans le bain
Scène

Marie-Ève Dubé et Anne-Marie Guilmaine : Dans le bain

Marie-Ève Dubé et Anne-Marie Guilmaine proposent Bricolages pour femme et ours polaire, un déambulatoire de théâtre performatif.

Écrit et joué par Marie-Ève Dubé, mis en scène par Anne-Marie Guilmaine, Bricolages pour femme et ours polaire est présenté entre les murs du Bain Saint-Michel. Parcours théâtral oblige, la nouvelle production de Système Kangourou entraînera les spectateurs dans plus d’un recoin: le bain, les toilettes, le vestiaire. Dans chacun des espaces, la comédienne ira d’une histoire et d’un "bricolage" différents. "Je désire montrer comment on bricole nos vies, explique Dubé. Il y a tant d’événements, de rencontres, de pertes au fil du temps. J’observe comment ça nous façonne en tant qu’être humain."

Bien que la comédienne soit seule en scène, ses réflexions ne se feront pas en solo pour autant. Ceux qui ont déjà assisté à une production de Système Kangourou le savent, l’interaction avec le public est à coup sûr au rendez-vous. "Le théâtre est pour moi une façon de provoquer une rencontre avec le spectateur, précise Dubé. Je le vois plus comme un moyen qu’une fin. Je crois que le fait qu’il s’agisse d’un parcours, ça facilite l’échange. Il n’y aura pas plus de 30 spectateurs par soir qui me suivront. Et ils ne seront pas assis à me regarder, ça crée rapidement une intimité."

Pourquoi ce désir constant de faire fi du quatrième mur? "Pour les membres de la compagnie, ça ne peut pas être autrement, lance Guilmaine. Ça fait partie de notre éthique. Il y a, dans cet aléatoire du contact avec le spectateur, une honnêteté, une part de vérité qu’on ne peut pas trouver ailleurs." La créatrice a beau avoir l’habitude des mises en scène interactives, Bricolages pour femme et ours polaire représente, à bien des égards, une nouvelle expérience. D’une part parce qu’elle ne dirige qu’une seule interprète et d’autre part, à cause du caractère déambulatoire de la pièce.

"On travaille énormément avec le lieu, affirme la metteure en scène. On s’en sert pour faire avancer le propos. On voulait un lieu chargé d’histoire, un lieu qui rappellerait le passage entre les âges, entre les gens. Cela dit, la grande difficulté est de travailler dans le virtuel, car nous n’avons pas accès au lieu pour répéter. Chaque fois que j’y vais, j’essaie de me souvenir du plus de détails possible. C’est comme concevoir une installation sans jamais être confronté au vrai lieu. En salle de répétition, on est obligé de tout s’imaginer, on doit mimer une cabine de toilette par exemple. Ça devient presque absurde! Mais en même temps, c’est un très grand apprentissage pour moi."

Le Bain Saint-Michel a aussi inspiré l’auteure, qui s’intéresse à la décrépitude de l’endroit, élément dont il est beaucoup question dans la pièce. "Je parle de la peur de ce qui s’en vient, explique-t-elle, la peur de perdre ce qui reste, la peur de subir le poids du temps. Le Bain évoque un lieu de passage qui est éphémère. Je trouve ça très stimulant."

Du 22 février au 15 mars
Au Bain Saint-Michel