Myriam Allard et Eva Yerbabuena : D’une rive à l’autre
Avec l’Espagnole Eva Yerbabuena et trois Canadiennes, dont Myriam Allard, Montréal en lumière fait la part belle au flamenco.
Cette année, le Festival Montréal en lumière donne son coup d’envoi avec Santo y Sena (mot de passe). Sur la scène du Théâtre Maisonneuve, la compagnie d’Eva Yerbabuena, huit danseurs et huit musiciens, reprend les temps forts des spectacles qui ont jalonné dix ans de parcours, y ajoutant deux nouvelles chorégraphies. Les aficionados ont leur billet depuis longtemps.
Pour rien au monde ils ne rateraient le passage de cette icône du flamenco, maintes fois sacrée meilleure danseuse ou meilleure chorégraphe flamenca de l’année. "Le flamenco est pour ainsi dire la première danse que j’ai vue, raconte celle qui a grandi à Grenade et qui a fait ses classes auprès des plus grands. J’ai été touchée jusqu’à l’âme et à l’âge de 12 ans, il était absolument clair pour moi que j’allais y dédier ma vie."
Danseuse fougueuse et charismatique, Yerbabuena allie tradition et modernité sans rien perdre en pureté. Elle fascine tant que Carolyn Carlson l’a conviée à enseigner et à créer à la Biennale de Venise et que Pina Bausch l’a invitée trois fois en Allemagne, lui commandant même une courte chorégraphie. "Qu’on le veuille ou non, ce sont des expériences qui nous influencent, admet-elle. Personnellement, je m’enrichis de tous types de danses et de musiques que je ramène ensuite dans mon univers en essayant de ne jamais oublier que j’ai choisi le flamenco comme moyen d’expression. Cela dit, c’est un langage que chacun interprète à sa façon. L’important, c’est de le rendre le plus personnel possible."
Pour rester cohérentes avec la réalité de leurs origines, les trois Canadiennes derrière FLAMENCOntemporain, à Tangente, n’ont d’autre choix que de personnaliser leur art. Dans Rouge Solitude, Sylvie Marchand se départit des musiciens qui l’accompagnent habituellement pour danser en solo sur des rythmes flamencos électroniques et de la musique actuelle, explorant le thème de la souffrance si cher au flamenco. Rae Bowhay poursuit quant à elle son travail de partenariat avec le compositeur et guitariste Martin Trudel. Dans Taranta (le chant des mineurs), ils établissent le lien entre palo flamenco traditionnel et musique country par la voie d’une guitare électrique. La danse, stylisée, se caractérise entre autres par la distorsion corporelle.
Jouant le jeu de l’expérimentation, Myriam Allard et Hedi "el Moro" Graja changent leur mode de fonctionnement et s’aventurent sur des voies inconnues. Pour MuE_s, le chanteur se fait aussi metteur en scène et guide sa compagne dans l’exploration du thème de la métamorphose. "Dans le flamenco traditionnel, la personnalité du danseur est toujours mise en avant, commente Allard. Ici, on travaille des formes parfois abstraites, et je me sens projetée dans le vide. Je ne peux pas me réfugier dans les codes et dans l’esthétique du flamenco. C’est hyper-intéressant et très risqué, mais je fais confiance." Pour créer ce spectacle où ils seront accompagnés d’un percussionniste, Allard et Graja se sont inspirés du monde des insectes et de la série B. Tout un programme.
Santo y Sena
Le 20 février
Au Théâtre Maisonneuve de la PdA
Voir calendrier Danse
FLAMENCOntemporain
Du 21 février au 2 mars
À Tangente