Corps et Âme : La science des rêves
Scène

Corps et Âme : La science des rêves

Corps et Âme, mis en scène par Véronika Makdissi-Warren, s’aventure dans la marge pour parler avec humour de solitude à l’ère des communications. Le goût des autres.

Jeanne (France Larochelle) n’est pas très sociable; de fait, elle préfère la compagnie des morts à celle des vivants. Autant dire que, comme thanatopractrice, elle est servie. Jusqu’à ce que la mère d’un défunt (Lise Castonguay) découvre que ses soins pour son fils (François Édouard Berier) ont dépassé les limites du cadre professionnel et décide de la poursuivre. Une histoire que Sylvie (Marie-Josée Bastien), la soeur de la jeune femme, apprend en regardant un talk-show avec Henri (Michel Nadeau), son mari. Constamment insatisfait, celui-ci cherche pour sa part un moyen de faire la paix avec ses désirs charnels. Après avoir essayé de devenir zen, suivant les conseils d’une espèce de psy gourou (Nicola-Frank Vachon), il décide finalement de tenter sa chance comme cobaye pour tester une nouvelle technologie de réalité virtuelle simulant des rapports sexuels…

Le texte de John Mighton s’avère certes d’actualité; le virtuel, quoique sous une forme moins élaborée, foisonne autour de nous. Mais c’est surtout de l’isolement qui s’ensuit qu’il est question, alors que l’auteur pose un regard empreint d’humour sur l’incommunicabilité de notre époque, soulevant des problèmes sans imposer de solutions. Cela dit, on a parfois l’impression qu’il s’éparpille un peu et demeure dans l’anecdotique. N’empêche, on apprécie que ses personnages, bien qu’ancrés dans un quotidien sans grand relief, évoluent au cours de l’histoire.

Quant à la mise en scène de Véronika Makdissi-Warren, elle sert de liant à l’ensemble et, surtout, renchérit sur son comique en demi-teintes, à la fois ironique et absurde. Bien sûr, avec ses trois pans de mur bleutés évoquant tant des tiroirs de morgue que des armoires de cuisine, le décor de Jean Hazel s’avère, de prime abord, aussi froid et aseptisé que les relations évoquées, donnant lieu à une imagerie sobre, dans le ton de la pièce. Cependant, le rire se met de la partie dès qu’avec les accessoires (Vanessa Cadrin), il manifeste son ambiguïté. En fait, même si on prend le temps d’installer une atmosphère, avec notamment des projections (Mario Villeneuve) et des éclairages (Sonoyo Nishikawa) à saveur futuriste, même si on cherche à créer une étrangeté autour de la mort, la marginalité se révèle ici plus drôle que dérangeante. Côté jeu, on aurait toutefois gagné à ce que le pince-sans-rire – déjà amusant – se fasse encore plus candide.

Jusqu’au 8 mars
Au Théâtre Périscope
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