Ghyslain Filion : Contes rendus
Ghyslain Filion met en scène Comme vous avez changé, une création où les membres du Théâtre Inédit transposent la vie des héros d’Andersen à notre époque.
La première production du Théâtre Inédit, Paradoxus, a fait l’objet d’une tournée à travers le Québec (près de 100 représentations). Diplômés du Collège Lionel-Groulx, les acteurs et concepteurs de la troupe reprennent ces jours-ci la pièce qui a marqué leur dernière année d’études: Comme vous avez changé. Le metteur en scène Ghyslain Filion nous parle de ce spectacle qui devrait communiquer toute l’énergie qui y a été investie.
Auteurs, en plus de jouer dans le spectacle, Sarah Berthiaume, Simon Boulerice et Maxime Desjardins ont écrit à partir des contes de Hans Christian Andersen. "Cela dit, explique Filion, si les spectateurs ne le savaient pas, on verrait difficilement les personnages d’Andersen comme tels. C’est vraiment la source." Le groupe avait plutôt envie de se lancer dans quelque chose de neuf et de moderne. Ainsi, la petite sirène qui se transforme en être humain pour pouvoir vivre l’amour avec son prince trouve une résonance toute contemporaine dans le personnage d’Éric, un jeune homosexuel qui change de sexe pour tenter de séduire Charles.
Dans l’idée de créer un véritable conte moderne, sept des histoires d’Andersen ont occupé une place "invisible" dans la production. Parmi elles, La Petite Fille aux allumettes, L’Ombre, L’Empereur et le Rossignol et La Reine des neiges. Bien entendu, la démarche du Théâtre Inédit évoque Les Héros de mon enfance de Michel Tremblay ou encore Le Projet Andersen de Robert Lepage. Cela dit, Comme vous avez changé est une oeuvre collective, une entreprise originale où tous les membres de la troupe ont mis la main à la pâte, aussi bien sur le plan technique que sur le plan intellectuel.
Si le metteur en scène avait d’abord pensé créer un spectacle tous publics, le collectif s’est rapidement dirigé vers les versants plus noirs d’Andersen. "Au fil de nos discussions, on se rendait compte que certaines choses venaient plus nous chercher, par exemple la notion du double, ou de l’illusion. Plus ça allait, plus les contes nous menaient, par exemple, vers les médias. Aujourd’hui, les médias sont en quelque sorte le monde de l’illusion."
Il était évident pour les auteurs que le texte devait garder la forme du conte. C’est donc Rita, narratrice et propriétaire du RIP, une taverne-delicatessen-resto-bar-karaoké qui aurait bien besoin d’être rafraîchie, qui nous sert de guide. Au centre du récit, il y a Charles Lauzon, le jeune héritier d’une entreprise de design au bord de la faillite. L’homme tente de conclure une alliance avec la Chine. Entre deux danses en ligne, Rita raconte l’histoire de treize destins entremêlés qui convergent un soir dans cette taverne de fond de ruelle, alors que Jean Ferrat chante C’est beau la vie et que la boule miroir tourne pour la dernière fois.
Du 26 février au 15 mars
À la Salle Fred-Barry
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