La femme d'avant : Liaison fatale
Scène

La femme d’avant : Liaison fatale

Avec La Femme d’avant, Theodor Cristian Popescu offre au public un spectacle inégal, toutefois doté d’une structure dramatique originale.

Depuis son arrivée au Québec, en 2003, le metteur en scène roumain Theodor Cristian Popescu fraye avec la dramaturgie contemporaine, surtout allemande. Avec La Femme d’avant de Roland Schimmelpfennig, il nous entraîne dans un univers flou où se côtoient le genre vaudevillesque et l’horreur.

Mariés depuis une vingtaine d’années, Franck et Claudia (Sacha Samar et Chantal Dumoulin) s’apprêtent à déménager à l’étranger avec Andy (Hubert Lemire), leur fils de 19 ans. Un soir, on cogne à la porte. Dans l’embrasure apparaît Romy (Cristina Toma), une femme qui vient réclamer l’amour de celui qui lui a promis, 24 ans plus tôt, de l’aimer toujours. Persuadée que Franck lui est destiné, l’imperturbable Romy est bien décidée à détruire – au cours d’une seule nuit – la vie que son amour de jeunesse s’est construite sans elle. Pour soutenir cette histoire aux relents cauchemardesques, l’auteur allemand a imaginé un procédé très cinématographique où, de scène en scène et à l’aide de sauts dans le temps, il interrompt l’action en cours pour catapulter les spectateurs quelques heures plus tôt ou encore 10 minutes plus tard. Une méthode qui permet notamment au public de réinterpréter plusieurs fois le même moment en le percevant de façon différente. Voilà sans doute l’élément le plus intéressant de cette production où l’on assiste somme toute à un drame conjugal qui peine à garder notre attention. La faute incombe notamment au jeu inégal des comédiens. Dans la peau de Tina, la copine d’Andy, la jeune Livia Sassoli adopte un ton exagérément fébrile et des gestes nerveux qui manquent de naturel.

En fin de compte, le mariage entre le vaudeville et le film d’épouvante s’avère peu convaincant. D’un côté, il y a les portes qui claquent et l’angoisse survoltée des personnages aux couleurs parfois burlesques. De l’autre, il y a le drame personnel des cinq personnages qui désirent conserver ou retrouver un amour qui leur échappe. Et il y a Romy, cette femme irréelle, psychopathe mystique et insouciante dont toutes les prédictions initiales semblent se réaliser. Un mélange des genres dans lequel on peine à dénicher une cohésion dramatique.

Jusqu’au 1er mars
Au Prospero
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