TGP : L’argent fait le bonheur
Le TGP, en montant Durocher le milliardaire, se pose cette question: et si l’argent rendait heureux?
Dans la télésérie Les Lavigueur, la vraie histoire, l’argent avait un goût très amer, les 7 650 267 $ remportés à la loterie par la légendaire famille n’ayant engendré que malheur et tristesse. Or, dans Durocher le milliardaire, il jouit d’une saveur beaucoup plus sucrée, voire parfaite.
La pièce imaginée par le regretté Robert Gravel soulève en effet l’hypothèse que l’argent fait peut-être le bonheur. Cette question est explorée par trois jeunes cinéastes (François Laneuville, Jessika Munger et Martin Bergeron) qui, dans l’espoir d’obtenir du financement pour leur film, vont frapper à la porte du milliardaire Durocher (Luc Martel). S’ils s’attentent à rencontrer un homme glacial, ils ont la surprise de faire la connaissance d’un bon vivant féru de culture et de philosophie, qui nage dans une vie trop parfaite. Ainsi commencent de longues discussions au bord de la piscine à propos de l’existence et de la société…
S’il suit une ligne bien définie, le texte de Durocher laisse une certaine place à l’improvisation. Pour cette raison, on peut se demander si la metteure en scène Eveline Charland a préféré s’entourer de comédiens à l’aise avec cet art. "La plupart des comédiens sont des gens de l’impro, sauf Luc Martel, le rôle principal, qui n’en avait jamais fait. C’est quelque chose d’un peu particulier à travailler. Évidemment, l’histoire ne change pas. Dans le texte, les moments d’impro sont plus explicatifs, plus des moments de malaise en fait. Robert Gravel a écrit la base de son texte et les comédiens s’amusent avec le reste. C’est très intéressant parce que ça nous permet de créer des personnages très différents de ce qui a été monté par Jacques L’Heureux et compagnie. On a moins misé sur la caricature. Le propos du texte nous a beaucoup touchés: l’argent fait-il le bonheur? Donc on a beaucoup travaillé les personnages à partir de ça. Il y a une progression très dramatique qui va exploser à la fin."
Dans la version présentée par le Nouveau Théâtre Expérimental à la fin des années 1990, on allait très loin. Les comédiens se baignaient nus sur scène. Le Théâtre des Gens de la Place ira-t-il jusque-là? "Non, signale la jeune femme en pouffant de rire, ils ne seront pas tout nus. Je pense que le maillot de bain est déjà une barrière assez pesante pour eux. Parce qu’ils sont en maillot de bain une bonne partie de la pièce…" D’ailleurs, quelques modifications ont été faites à la pièce originale, dont sa conclusion, question de l’actualiser. "On a enlevé le personnage de l’intellectuel parce que c’était un propos très années 1980. Je pense que le punch n’aurait pas été aussi bon que quand Alexis Martin lisait son texte."
Avec sa scénographie épurée, son nombre restreint de comédiens, Durocher le milliardaire détonne d’avec les autres fastes productions (Les Trois Mousquetaires, La Locandiera) montées par Eveline Charland. Mais il faut dire que ça tombait bien, quoique ce n’était pas prévu… "Je ne pouvais pas monter quelque chose de trop gros avec l’accouchement", sourit-elle, alors que son conjoint s’occupe du nouveau-né.
Du 21 février au 1er mars
À la salle Anaïs-Allard-Rousseau
Voir calendrier Théâtre
À voir si vous aimez /
Robert Gravel, l’improvisation