Andrew de Lotbinière Harwood : Advienne que pourra
Andrew de Lotbinière Harwood se risque avec trois vieux complices à une improvisation globale pour rendre hommage à L’Ubiquiste, un personnage cocasse du Plateau-Mont-Royal aujourd’hui décédé.
Depuis 32 ans qu’il pratique la technique du contact-improvisation, Andrew de Lotbinière Harwood en est devenu un maître incontestable, reconnu à l’échelle internationale. Sillonnant les festivals de l’Europe à l’Amérique du Sud en passant par la Nouvelle-Zélande et l’Australie, il enseigne à LADMMI depuis 10 ans et donne des ateliers pour les interprètes des compagnies de Marie Chouinard et de Ginette Laurin. Sur scène, il s’entoure d’artistes rompus à l’art de l’improvisation. Cette fois, il crée en complicité avec le danseur Marc Boivin, la musicienne Diane Labrosse et l’éclairagiste Yan Lee Chan.
"Diane crée une banque en répétition et à l’extérieur et elle pige dans son répertoire pendant la représentation, explique Harwood. Mais il y a plein de petits trucs qui évoluent: par exemple, elle vient insérer des dictaphones dans nos poches, elle place des haut-parleurs un peu partout… Yan, lui, se crée un plan d’éclairages en fonction des décors et des zones où on danse le plus et il joue avec ça. Ça donne de l’improvisation dans tous les aspects et ça devient vraiment intéressant pour moi parce qu’ils ne font pas que nous accompagner, ils font vraiment partie du voyage."
Ici, l’aventure nous conduit dans l’univers étrange d’un monsieur de l’avenue Christophe-Colomb qui se servait de son balcon comme d’une tribune pour laisser libre cours à l’expression de l’intelligence et de la douce folie qui l’animaient simultanément. L’Ubiquiste: à la fois ici et dans un autre monde, accroché à un passé que Labrosse ramène sur scène avec des musiques des années 60 et 70. "La pièce est structurée selon des canevas de structures physiques et d’états d’âme basés sur ce personnage que j’ai connu et qui m’a beaucoup inspiré, poursuit Harwood. On a étudié sa façon d’être, son caractère, ses manières et on a créé une banque d’une vingtaine de structures qu’on se donne la liberté de façonner à notre guise chaque soir sans s’obliger à toutes les utiliser."
Étant donné que la pièce a déjà été présentée il y a deux ans, Harwood et Boivin ont choisi de ne pas respecter l’ordre chronologique du canevas originel pour se réserver des moments de surprise et préserver la fraîcheur de la création. "Il y a certains points d’appui que l’on connaît, et on décide sur scène ce qu’on choisit de travailler, précise-t-il. Il n’y a pas de cues particuliers mais des indices physiques qui nous permettent de comprendre dans quoi l’autre veut embarquer. De là, je décide si j’y vais ou si, au contraire, je crée un contraste dynamique."
Dans ce dialogue physique fait de prises de poids, de portées, de chutes, de roulades et autres acrobaties, l’écoute et le goût du risque contribuent pour beaucoup à la qualité de la performance. "Je dois avouer qu’on entre dans un tel état de concentration en studio qu’on retrouve une énergie de scène, commente Harwood. Mais le public transforme l’espace, et il y a l’adrénaline du risque de se planter. Cela dit, les artistes qui ont beaucoup de maturité se plantent, mais trouvent une façon de s’en sortir, et là, c’est formidable."
Du 5 au 8 mars
À l’Agora de la danse
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