Claude Maher : L’art de la collision
Claude Maher met en scène Les Sunshine Boys de Neil Simon, une comédie dramatique créée à Broadway en 1972.
La première fois que le Théâtre Jean-Duceppe a présenté Les Sunshine Boys, c’était en 1982. Sur scène, nul autre que Duceppe lui-même, aux côtés de son complice Roger Le Bel. Quelque 25 ans plus tard, les comédiens Michel Dumont et Claude Michaud interprètent les personnages principaux de cette pièce de Neil Simon dont Claude Maher signe ici la traduction, l’adaptation et la mise en scène.
Willie Cloutier (Michaud) et Albert Lépine (Dumont) sont deux monstres sacrés du burlesque et du vaudeville. Après avoir formé un duo célèbre pendant près de 45 ans, ils sont aujourd’hui à la retraite, loin des feux de la rampe. Mais voilà que l’oncle et agent de Willie (Guy Jodoin) propose au tandem de remonter sur scène à l’occasion d’un gala télévisé consacré à l’histoire de la comédie. Le problème, c’est que les deux hommes – en brouille depuis une dizaine d’années – ne s’adressent plus la parole… Accepteront-ils, l’instant d’une soirée, de se réunir à nouveau?
"Neil Simon cultive ce que j’appelle l’art de la collision, c’est-à-dire l’art de faire se rencontrer deux personnages qui ne doivent pas se rencontrer! rigole Maher. En ce sens, l’auteur cultive l’art du clown rouge et du clown blanc [personnages traditionnels du cirque]. De là naît la comédie." Le metteur en scène soutient par contre que derrière l’oeuvre comique de Simon se cache une grande humanité. "L’auteur met en place des réalités très fortes et des personnages d’une grande vérité. À travers le dialogue, beaucoup de thèmes graves sont abordés tels que l’amitié brisée ou la vieillesse. Mais, avec Simon, on peut éclater de rire après un grand moment dramatique. Et ce ne sont pas des rires gratuits", commente Maher.
Il y a six ans, Claude Maher a traduit, adapté et monté Les Sunshine Boys au théâtre d’été Le Patriote, dans les Laurentides. C’est essentiellement la même version, quelque peu revisitée, qu’il présente aujourd’hui au public montréalais. Si la pièce originale se déroule à New York dans les années 70, Maher a choisi de planter l’action à Montréal, dans les années 90. "C’est comme si les personnages étaient deux vieux comédiens qui ont travaillé avec Gilles Latulippe au Théâtre des Variétés et qui ont connu La Poune et Olivier Guimond. J’ai gardé la même situation et les mêmes structures de phrases que dans le texte de Simon. J’ai simplement changé les noms. Le langage étant le nôtre, on va directement à l’émotion", affirme Maher qui, au cours de sa carrière de metteur en scène, de réalisateur et de producteur, s’est frotté plus souvent qu’autrement au monde de la comédie.
"C’est un plus grand défi de monter une comédie qu’un drame. En tant que metteur en scène, il faut comprendre la mécanique de la chose, qui tient à une respiration près. J’admire les grands auteurs comiques tels que Molière, Ionesco, Feydeau et Simon. Pour faire sourire les gens avec des éléments qui pourraient être dramatiques, il faut être capable de regarder la société et de s’élever au-dessus d’elle. Il y a, dans la comédie, un côté poétique, ainsi que de la survivance et de la résilience", souligne Maher.
Jusqu’au 5 avril
Au Théâtre Jean-Duceppe
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