Sébastien Dodge : Chaîne de montage
Scène

Sébastien Dodge : Chaîne de montage

Sous la bannière du Théâtre de la Pacotille, le comédien Sébastien Dodge assure la création de Suprême Deluxe, l’une de ses premières pièces.

Depuis sa sortie du Conservatoire d’art dramatique de Montréal, en 2001, Sébastien Dodge a pris part à une trentaine de productions. Il a joué Goldoni, Racine et Jarry, mais aussi Christopher Durang, Hervé Blutsch, Steven Berkoff et Georges Michel. L’an dernier, pour son Capitaine Bordure dans Ubu roi, une production du TNM, il a failli mettre la main sur le Masque de l’interprétation masculine dans un rôle de soutien. Dans les personnages d’hommes névrosés, au bord de la crise de nerfs ou de larmes, le comédien n’a pas son pareil. Ces jours-ci, Dodge dévoile d’autres facettes de son talent: l’écriture et la mise en scène. Avec Suprême Deluxe, il imagine une société en ruine, un monde où le capitalisme et l’avidité n’ont plus de limites.

À en croire le principal intéressé, tout a commencé en 2002, à Québec, dans la nuit du 23 au 24 juin. "Au départ, c’était censé être du théâtre de rue. Parmi les personnages, il y avait un délégué du gouvernement soviétique qui parrainait un clown polonais sur l’acide. Mais on a laissé tomber parce que c’était trop didactique." Aujourd’hui, c’est-à-dire environ 11 versions plus tard, la pièce s’est muée en un huis clos délirant. Nous sommes en 2033. La situation n’est pas reluisante. À la suite de grands cataclysmes naturels, d’une furie guerrière mondiale et de l’engloutissement des ressources, un nouvel ordre du monde est créé, de nouveaux maîtres s’installent. La Suprême Deluxe, une entreprise agroalimentaire de Denver, contrôle tous les secteurs de la survie publique. "Depuis le début du projet, explique celui qui admet avoir peu d’espoir en la survie de l’humanité, il est question d’oppression, de dictature et de la manière dont un gouvernement peut avoir la mainmise sur tout un peuple. C’est la trame du spectacle. Après, la question de l’agriculture chimiquement modifiée s’est ajoutée. Puis celle de la convergence. Je me suis demandé si on pouvait tout amalgamer, si une seule entreprise pouvait s’occuper de tout. Je ne suis pas devin, mais je m’amuse beaucoup à prédire un futur noir."

Grâce à ses studios de télévision régionaux, la Suprême Deluxe peut divertir et informer la population. Mais l’argent se fait rare et chaque directeur régional doit assurer le bon roulement de son studio et interpréter tous les rôles masculins. Heureusement, une actrice lui est fournie pour incarner les rôles féminins. Entre les quatre murs du studio, on retrouve donc Robert (Mathieu Gosselin), le directeur du secteur New France Deluxe corp., l’actrice (Christine Beaulieu) et le régisseur (Renaud Lacelle-Bourdon). "C’est le trio burlesque parfait, lance celui qui ne cache pas son amour des films muets et de la commedia dell’arte. Robert est un peu entiché de l’actrice. Elle, c’est un monstre d’ambition. Quant à Guy, le régisseur, il est témoin de l’action, il essaie de prendre soin de son ami Robert et de calmer l’actrice. Au final, bien sûr, c’est un spectacle de clowns, un divertissement, mais c’est aussi un spectacle sur l’abnégation dans le travail."

Jusqu’au 15 mars
À l’Espace Geordie
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