Traces d'étoiles : Entre quatre murs
Scène

Traces d’étoiles : Entre quatre murs

Tania Kontoyanni signe une première mise en scène avec Traces d’étoiles, un huis clos qui force la rencontre de deux êtres seuls et brisés.

Il est difficile de ne pas comparer la version de Pierre Bernard, jouée au Quat’Sous en 1992, et celle de Tania Kontoyanni, première production du Théâtre Huitième qui prend l’affiche au Monument-National ces jours-ci. Pour Bernard, ce premier saut en création lui avait valu tous les éloges. Pour Kontoyanni, malgré un indéniable talent, il faudra encore attendre un peu que la metteure en scène (qui est aussi comédienne et auteure) gagne quelques galons.

La rencontre entre Rosannah, originaire de l’Arizona, et Henry, qui s’est exilé en Alaska, était particulièrement improbable. Surtout que c’est dans une robe de mariée tachée et fatiguée que la jeune femme fait irruption dans la vie de Henry. Tous deux captifs de la tempête, dans une maison aussi grande qu’un cabanon, l’ermite et la mariée en fuite se repoussent et s’attirent. Oscillant entre le reproche d’avoir dérangé leurs solitudes sécurisantes et l’attirance qu’ils ressentent malgré eux, les écorchés vifs font penser à deux animaux blessés enfermés dans une même cage. Tout contribue d’ailleurs à cet effet de claustration, depuis la petitesse de la salle jusqu’au nombre restreint de spectateurs. Même le léger bruit du picotement de la neige sur les fenêtres participe à effacer le monde extérieur de l’imaginaire de l’auditoire. Mais malgré l’investissement des comédiens, qui ont réussi à construire avec justesse deux êtres au rythme, au langage et à la personnalité nuancés et uniques, plusieurs erreurs "de base" minent la production. Pensons par exemple à la trame sonore, où un fort vent d’hiver souffle alors qu’on fait référence au dehors, ou à la lumière rouge qui ne s’allume que pour souligner sans subtilité les révoltes des personnages. Tout ceci ne peut qu’engendrer une redondance manifestement inutile.

Bref, Traces d’étoiles ne permettra sûrement pas à Kontoyanni de marcher dans les pas de Pierre Bernard et ainsi être considérée par tous comme la révélation de l’année, mais la représentation brille par son potentiel et sa densité dans un hiver de solitudes.

Jusqu’au 8 mars
À la Balustrade du Monument-National
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