Catherine De Léan et Véronique Pascal : Les meilleures amies
Entre deux projets cinématographiques, Catherine De Léan revient au théâtre. Ces jours-ci, elle et sa complice Véronique Pascal sont Les Boxeuses.
Trois ans après avoir été formées ensemble entre les murs du Conservatoire d’art dramatique de Montréal, Catherine De Léan et Véronique Pascal dévoilent une première création commune. Autoproclamées Cousines Canine – c’est le nom de la compagnie qu’elles ont fondée avec leur complice Francesca Barcenas -, elles produisent Les Boxeuses, un duel qui répond "au besoin urgent de s’interroger sur l’état du féminisme, 30 ans après la révolution, dans un monde où l’image de la femme est surexploitée".
Selon les deux comédiennes, il y a au coeur de tout rapport femme-femme une lutte, un combat tacite et, en quelque sorte, vital. C’est pourquoi elles ont imaginé une pièce dont la forme est calquée sur celle d’un match de boxe. "C’est cette forme-là qui nous intéressait pour parler des rapports féminins, explique Catherine De Léan. Cette énergie de battantes. La boxe, c’est physique, c’est cruel, c’est violent, mais en même temps il y a un code d’honneur. On peut se tuer, mais on a beaucoup de respect l’un pour l’autre."
Ainsi, la scène est un ring, les rounds, des scènes et les actrices – formées par le boxeur et comédien Deano Clavet -, des boxeuses qui se rencontrent et s’affrontent. Avec humour et sensibilité, la pièce laisse entrevoir quels coups sont secrètement échangés entre femmes. "On essaie même de voir les répliques comme des coups, confie De Léan. On pourrait quasiment écrire sous les répliques les mots esquive, coup droit, uppercut, K.-O." Écrit à quatre mains, le texte propose un mélange de rires et de grincements de dents. "Le spectacle est vraiment inspiré de notre vision de femmes de 25 et 27 ans, affirme De Léan. On parle de ce qu’on a vécu. De ce qu’on connaît. Ce sont des sujets qu’on porte en nous. On veut nommer la violence entre femmes, tenter de la représenter de façon positive. Notre approche est ludique, il y a une volonté d’en rire. Ce n’est pas tragique ou grave."
Les deux jeunes créatrices ont audacieusement choisi d’aborder le thème tabou de la rivalité féminine de front. "C’est une violence qui est présente mais pas apparente, estime De Léan. Nous, on avait envie de la montrer sur scène." Par l’intermédiaire d’Internet, certaines féministes ont déjà fait savoir aux deux créatrices qu’il n’existait pas, selon elles, de cruauté purement féminine. "On n’est pas d’accord, précise De Léan. Cette rivalité, c’est un fait!" "On ne peut pas la nier, ajoute Véronique Pascal. C’est mieux d’apprendre à vivre avec que de faire comme si ça n’existait pas. Ça ne nous enlève rien!"
Résolument moins lyrique que la plus récente pièce d’Olivier Kemeid (Bacchanale) et nettement moins historique que celle de Brigitte Poupart (Un jour ou l’autre), la création des Cousines Canine peut tout de même être considérée comme féministe. "On a de la misère avec le mot féminisme, avoue De Léan. Le spectacle est un constat. On parle de ce qui nous préoccupe, mais on ne revendique rien." Véronique Pascal intervient: "On pense que les femmes doivent apprendre à vivre ensemble, qu’elles doivent être plus solidaires. S’il y a quelque chose de féministe dans le spectacle, c’est ça! Si on est capables de se voir telles que nous sommes, avec un peu d’humour, on va être capables de s’aider et de faire avancer nos causes!"
Jusqu’au 25 mars
À La Petite Licorne
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