Comme vous avez changé : Contes cruels
Scène

Comme vous avez changé : Contes cruels

Fruit d’un collectif de jeunes diplômés du Collège Lionel-Groulx, Comme vous avez changé tente de modeler un conte moderne et original à partir des écrits de Hans Christian Andersen.

C’est avec surprise que l’auditoire de Comme vous avez changé, une production du Théâtre Inédit mise en scène par Ghyslain Filion, pénètre dans la Salle Fred-Barry, complètement transformée. Alors que les spectateurs affluent en abondance vers les derniers rangs, gênés à l’idée de devoir partager une des tables posées sur scène avec les comédiens, ceux-ci accueillent le public avec chaleur et bonhomie.

Après avoir bien installé ses "clients", Rita, propriétaire du bar-karaoké Le RIP, peut enfin nous présenter les personnages qui peuplent son sanctuaire. Et il y en a, des personnages. Impossible de tracer une ligne dramatique claire parmi la douzaine d’olibrius qui se croisent et s’entrecroisent autour de Charles Lauzon, pivot de l’histoire. On préfère capter au passage quelques bribes des vies d’Éric, jeune homosexuel amoureux de son patron qui se transformera en femme pour lui plaire, ou bien de Claude, une photographe qui cherche sa voie. Tous ensemble, ils sont les protagonistes d’un conte où la chirurgie plastique, l’illusion des médias, la solitude ou l’amour s’imposent comme valeurs modernes. Mais cet excès de personnages dilue inévitablement l’histoire dans une multitude de ramifications superflues: dotée d’un noyau solide, la pièce aurait en effet tout intérêt à se restreindre pour mieux se déployer. Et cette restriction pourrait s’appliquer à plusieurs champs: trop de running gags, des accents trop prononcés (et irréguliers) et les moments chantés ou dansés trop longs en sont quelques exemples. Malgré tout, les comédiens ont l’air à l’aise sur scène, et la relation toute particulière avec un public omniprésent semble leur fournir l’énergie du danger.

En fait, même avec une technique à travailler chez la majorité des membres de la troupe et quelques excès de part et d’autre (des chutes inutiles, de la nudité gratuite), la facture extrêmement attachante des personnages et l’originalité qui englobe le projet leur valent des félicitations. Ne serait-ce que pour avoir apporté au paysage théâtral québécois une touche d’humour jeune, de fraîcheur et de désinvolture.

Jusqu’au 15 mars
À la Salle Fred-Barry
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