La Trilogie de Belgrade : Frontières
Scène

La Trilogie de Belgrade : Frontières

La Trilogie de Belgrade, production du Théâtre de l’Inconnu, présente trois histoires en parallèle. Survie, espoirs, quête de bonheur: tout devient plus difficile quand on est en exil.

Texte de Biljana Srbljanovic, La Trilogie de Belgrade se présente sous forme de triptyque. La veille du Jour de l’an, des émigrés serbes fêtent de trois manières différentes, en trois lieux: à Prague, à Sydney, à Los Angeles. Entre eux, des liens, des fils tissés entre les continents, autour d’un quartier, d’un personnage, dans le rapport au temps de ces êtres décalés, rappelé sans cesse par une image frappante: la préoccupation de l’heure, l’horloge détraquée, les montres déréglées.

La pièce aborde un thème intéressant: le destin d’immigrants ayant fui leur pays troublé, rêvant d’une vie meilleure. D’un tableau à l’autre, malgré les situations variées, se dessine le même rapport au pays: mélange d’espoir, de déception, déjà, face au pays d’adoption; regrets et nostalgie du pays d’origine, à la fois aimé, détesté. Entre ces deux pôles, des personnages déstabilisés, un peu perdus, tentent de retrouver leur équilibre, de se rebâtir une vie; manquent toujours à l’appel quelques morceaux essentiels, laissés derrière.

La metteure en scène Anne-Sophie Archer campe cette triple-histoire dans un décor ingénieux (Sébastien Dionne et Julie Lévesque): un mur, séparant comédiens et public, laisse voir par les fenêtres, pour chaque tableau, un appartement différent où se jouent les rencontres des protagonistes. L’ensemble, très pertinent, place le spectateur en position de voyeur: il s’introduit chez les gens, observe leur intimité où éclate souvent la vulnérabilité, en marge du pays à apprivoiser.

Malgré la richesse du propos et des moments touchants, l’ensemble du spectacle offre un intérêt inégal. À côté de situations très fortes, d’autres frôlent le cliché ou l’anecdote exceptionnelle; c’est le cas du troisième tableau, décevant malgré un début prometteur. D’autre part, un petit manque de rythme, par moments, et quelques phrases prononcées rapidement ou de façon presque inaudible viennent alourdir certains passages. Malgré cela, les quatre comédiens (Sophie D. Thibeault, Éliot Laprise, Martin Perreault, méconnaissable d’un rôle à l’autre, et Marjorie Vaillancourt), excellents, incarnent avec aplomb ces personnages, et l’ensemble se termine sur une finale très belle et prenante, qui fournit à la pièce, en un instant, un éclairage surprenant.

Jusqu’au 15 mars à 20h
À Premier Acte
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À voir si vous aimez /
Les oeuvres portant sur l’immigration ou sur la situation dans les Balkans; les esthétiques modernes au théâtre; les histoires en plusieurs tableaux.