Les Sunshine Boys : Souvenirs retrouvés
Scène

Les Sunshine Boys : Souvenirs retrouvés

Avec Les Sunshine Boys de Neil Simon, Duceppe offre au public un agréable moment de théâtre en compagnie de deux grands comédiens.

Ce n’est pas sans raison que le Théâtre Jean Duceppe a, depuis sa fondation en 1973, présenté neuf pièces de Neil Simon. L’auteur américain sait comment parler des travers humains avec humour et sensibilité. Sa pièce Les Sunshine Boys, ici traduite, adaptée et mise en scène par Claude Maher, ne fait pas exception à la règle. Une bonne occasion pour les comédiens Claude Michaud et Michel Dumont de camper deux personnages à leur mesure.

Willie Cloutier (Michaud) et Albert Lépine (Dumont) ont formé un célèbre duo comique pendant plus de 43 ans. À la suite d’une querelle, les deux hommes aujourd’hui à la retraite ne s’adressent plus la parole depuis une douzaine d’années. Ce silence rancunier est cependant sur le point d’être rompu; le neveu et agent de Willie (Guy Jodoin) souhaite réunir le tandem dans le cadre d’un spectacle télévisé consacré à l’histoire du vaudeville. Un pari risqué qui est loin d’être gagné!

C’est toujours un bonheur d’assister à la rencontre théâtrale de deux ténors de la scène qui, sous nos yeux, s’abandonnent sans réserve au plaisir du jeu. Claude Michaud interprète avec grande vérité un Willie quelque peu colérique et sénile (mais encore vif d’esprit!) qui, rongé par la rancoeur, n’accepte toujours pas que son partenaire l’ait subitement abandonné douze ans plus tôt. Le vieil homme qui vit dans l’indigence habite un appartement minable et bordélique qui croule sous les piles de journaux. On reste d’ailleurs pantois devant l’impressionnant décor de Carole Paré. De son côté, Michel Dumont, une canne à la main, incarne un Albert arthritique, calme et pondéré. Les deux bougres, orgueilleux jusqu’à la moelle, tiennent viscéralement à leurs idées, quitte à verser dans la mauvaise foi.

Résultat? On assiste à une pléthore d’obstinations savoureuses qui, bien que parfois redondantes, révèlent l’humanité des protagonistes. Cela dit, quelques scènes auraient gagné à être resserrées. L’adaptation de Maher (la pièce originale a été créée en 1972 à Broadway) est crédible. En choisissant de placer l’action dans le Montréal des années 90, le metteur en scène rend hommage à tous les artistes d’ici qui, tels Gilles Latulippe et Olivier Guimond, ont forgé l’art du burlesque à la québécoise.

Jusqu’au 5 avril
Au Théâtre Jean Duceppe
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