Suprême Deluxe : Et patati et patata
Scène

Suprême Deluxe : Et patati et patata

Le Théâtre de la Pacotille déballe Suprême Deluxe, une critique sociale aux accents gore et burlesques, écrite et mise en scène par Sébastien Dodge.

Fondé en 1998, le Théâtre de la Pacotille se spécialise dans la production de pièces inconnues issues de la dramaturgie mondiale. Membre fondateur de la compagnie, le comédien Sébastien Dodge s’amuse avec Suprême Deluxe à dépeindre un avenir peu réjouissant et nous entraîne dans un univers ravagé par les affres du capitalisme.

L’action se déroule en 2033. Les catastrophes écologiques, les guerres et la soif de pouvoir ont eu raison d’une grande partie de la planète, qui gît sous l’océan. La Suprême Deluxe, une entreprise agroalimentaire spécialisée dans la pâte de patates, règne sur le reste du monde et contrôle tous les secteurs de la (sur)vie publique, dont celui des communications. Via ses studios de télévision régionaux, la compagnie – dont le siège social est situé à Denver – informe et divertit le peuple. Robert (Mathieu Gosselin), directeur du secteur New France Deluxe Corp., situé quelque part au Québec, a comme mandat d’interpréter tous les rôles masculins des émissions d’information et d’animation en continu. À ses côtés, on retrouve Guy (Renaud Lacelle-Bourdon), le régisseur du plateau de tournage, ainsi que l’Actrice (Christine Beaulieu), qui campe les rôles féminins.

En plus des propos délirants qui ressortent des sketchs que nous livrent Robert et l’Actrice et de la relation tendue qu’entretiennent – hors d’ondes – les trois collègues, Suprême Deluxe prend d’abord et avant tout assise dans un contexte de dictature politique, économique et sociale dont les tenants et aboutissants tardent à se clarifier. Une mise en situation plus développée aurait permis de saisir davantage la motivation de ces personnages terrés dans un bunker et sur lesquels plane une menace de rébellion.

Bien que le discours de Dodge – qui aborde l’individualisme, la banalisation de la violence, le bilinguisme, l’abnégation de soi pour le travail ou encore le carnage écologique – n’apporte malheureusement rien de nouveau sous le soleil, l’auteur réussit, grâce à une mise en scène dynamique, à des répliques absurdes bien envoyées et à quelques giclées sanguinolentes, à titiller l’amateur de comédies noires en nous. Il faut également souligner le jeu remarquable des comédiens, notamment celui de Mathieu Gosselin qui livre une performance époustouflante.

Jusqu’au 15 mars
À l’Espace Geordie
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