Cyrano de Bergerac : Droit au coeur
Scène

Cyrano de Bergerac : Droit au coeur

Voir Cyrano de Bergerac, c’est comme retrouver un ami précieux: on a beau connaître ses qualités, il charme et surprend toujours.

Quel privilège d’assister à la magnifique pièce de Rostand, d’entendre ses mots éternels. Datant de 1897, se déroulant au XVIIe siècle, elle impressionne, éblouit toujours, en un feu d’images, des étincelles de verve, une flambée d’émotions éclairant le génie de cette intrigue déchirante.

Pour présenter cette oeuvre, Marie Gignac la pare d’atours surprenants au premier abord, mais combien efficaces et brillants. Misant sur la puissance évocatrice du théâtre, la metteure en scène choisit ici le plateau dégagé, sur deux niveaux (Michel Gauthier). S’y rangent accessoires et éléments mobiles – escaliers, praticables -, quelques meubles, costumes, avec changements à vue, l’ensemble apportant aux défis de mise en scène que pose habituellement cette pièce une solution hautement ludique. Au plaisir de voir magiquement naître l’histoire à travers quelques objets, s’ajoute celui de voir la vaste étendue de la scène, les coulisses mises à nu, l’envers du décor.

Dans cet espace un peu intemporel, place libre pour le texte splendide racontant l’histoire de Cyrano qui, craignant de déplaire par sa laideur, sacrifie son amour pour Roxane au bonheur de la belle et de son prétendant Christian. Place aussi au jeu, auquel s’adonnent, avec grand enthousiasme et énergie, les interprètes, tous à la hauteur de l’oeuvre de Rostand. Du groupe de treize comédiens surgissent plus de trente personnages, singuliers, bien cernés par les changements de costume, d’expression. Parmi eux, Hugues Frenette campe avec fougue et un rien de vulnérabilité un Cyrano particulièrement moqueur, à l’émotion par moments prenante; Maryse Lapierre incarne une Roxane enjouée, tout en finesse, très juste et touchante, bouleversante au siège d’Arras; entre eux, le Christian courageux et très fier de Lucien Ratio. Tous les comédiens, excellents, jouent avec grand talent, emportés par le plaisir du texte.

Sur la scène du Trident souffle un vent de beauté. Dont l’intensité relève, au-delà de toutes les qualités de la pièce, du "mystère de l’art", avançait Marie Gignac en entrevue. Il y a de la magie dans Cyrano de Bergerac; et, dans l’inventive et audacieuse mise en scène de Marie Gignac, le souffle nécessaire à son déploiement.

Jusqu’au 29 mars à 20h
Supplémentaires les dimanches 9, 16 et 30 mars à 15h ainsi que les 16, 17 et 18 décembre à 20h
Au Grand Théâtre
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