Huit Femmes : Huit femmes en colère
Scène

Huit Femmes : Huit femmes en colère

C’est lors d’une tempête de neige, semblable à celle qui sert de toile de fond à sa version de la pièce Huit Femmes, que nous nous entretenons avec le metteur en scène Jean-Guy Legault.

Metteur en scène en demande qui ne craint pas de s’atteler à des productions plus expérimentales – on lui doit notamment Théâtre extrême -, Jean-Guy Legault n’en cultive pourtant pas moins une approche qui veut toucher le plus grand nombre. "Faire du théâtre populaire, ça ne veut pas dire faire du théâtre cheap", redira-t-il à quelques reprises au cours de l’entretien. Montée l’été dernier au Théâtre de Rougemont, la comédie policière Huit Femmes se promène désormais à travers la province pour une tournée d’hiver comptant près de 50 représentations.

Dans ce huis clos, huit femmes de différentes générations se retrouvent isolées dans une luxueuse maison lors d’une tempête de neige la veille de Noël. Le patriarche de la famille vient d’être mystérieusement assassiné durant la nuit, et toutes semblent avoir quelque motif de cacher ce qui s’est véritablement passé.

Nombreux sont ceux qui ont vu Huit Femmes, ne serait-ce que par ce qu’il y a d’intrigant à voir réunies, le temps d’un film, quelques grandes étoiles du cinéma français telles que Fanny Ardant, Emmanuelle Béart, Isabelle Huppert et Catherine Deneuve. Lorsque François Ozon réalisa l’adaptation cinématographique de la pièce en 2002, il dut composer avec les contraintes inhérentes à la présence de telles vedettes, dont celle d’accorder un temps d’écran presque équivalent à chacune.

Peu de gens savent qu’il s’agit à la base d’une pièce de théâtre de Robert Thomas, créée en 1961. "La pièce d’origine campait des provinciaux français. Je l’ai transposée dans le milieu des parvenus québécois qui ont leur résidence secondaire à North Hatley, mais ça aurait aussi bien pu être sur les bords du lac Memphrémagog." Jean-Guy Legault sait de quoi il parle, puisqu’il a vécu quelque temps à Sherbrooke, y ayant reçu un diplôme, tout comme Jean-René Dufort, en… biochimie.

"Je trouve la pièce plus intéressante que le film, parce que le film, c’est un trip de comédiennes qui passe d’un numéro d’actrice à un autre. La pièce originale est assez différente de la version filmée, parce qu’il n’y avait pas de numéros chantés, et aussi parce que l’intrigue était plus étoffée. Dans l’fond, c’est un gros Clue, ou un Meurtre et mystère." Pour incarner ces femmes colorées, manipulatrices et vindicatives, on trouvera des comédiennes qui se passent de présentation, comme Béatrice Picard, Louise Latraverse, Nathalie Gascon, Louise Faucher et Brigitte Paquette, de même que des talents plus jeunes, comme Geneviève Bélisle, Marilyn Perreault et Catherine Florent.

Mais pour qui a vu la version filmée de Huit Femmes, quel intérêt y a-t-il à voir la pièce lorsqu’on sait qu’elle fonctionne sur le modèle cher au roman policier anglais, le whodunnit? "Contrairement au film, les huit comédiennes sont sur scène en même temps et le spectateur décide sur qui il porte son attention. Le théâtre, c’est une expérience qui fait aussi appel à l’imagination du spectateur pour combler les lacunes de l’attention. Si une pièce que je monte peut être filmée, c’est pour moi un échec théâtral. Ça veut dire que ce qui fait la spécificité du théâtre a été perdu."

Le 19 mars à 20h
Au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke
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