Pierre-Paul Savoie : Ailleurs si j’y suis
Le chorégraphe Pierre-Paul Savoie reprend son costume d’interprète pour une série de pièces écrites pour lui par des Canadiens exilés. Composé d’un solo et d’un duo, le premier volet de Diasporama nous est offert en primeur.
Directeur artistique de PPS Danse, Pierre-Paul Savoie vient ajouter à la forte présence d’artistes matures qui semble caractériser la programmation hivernale à Montréal. À 53 ans, le voilà qui revient brûler les planches après 6 ans d’absence majoritairement consacrés à la charge de président du Regroupement québécois de la danse qu’il a assumée de 1999 à 2004 et à des collaborations circassiennes.
"L’idée était de rencontrer des gens et de découvrir d’autres façons de voir", explique celui qui vient de recevoir le prix Hommage RIDEAU pour sa contribution au développement de la danse au Québec. "Je suis donc allé chercher des artistes que je connaissais, chez lesquels je voyais une affiliation dans le travail sur la théâtralité et la dramaturgie, et entre lesquels je sentais que je pourrais créer des ponts. La démarche des quatre chorégraphes que j’ai choisis est marquée par la multidisciplinarité."
Pour les deux prochaines années, celui qu’on nomme volontiers PPS est donc occupé à créer une série de diapositives en collaboration avec des Canadiens établis à l’étranger. D’où le titre de la série, Diasporama. À l’Agora, il s’offre Confidences d’un corps, un solo de son cru, avant de se donner comme interprète dans un duo écrit par André Gingras, basé à Amsterdam. Dansé avec le jeune Vincent Morelle, Un jour/David W. sera représenté, en juin, au Festival Canada Danse, couplé avec une oeuvre du Berlinois d’adoption Luc Dunberry où Savoie partagera la scène avec Marc Boivin. Par la suite, il travaillera avec Linda Mancini et Mireille Leblanc, respectivement installées à New York et Göteborg.
"Je remarque dans le travail avec les deux hommes qu’ils ont une façon de penser beaucoup plus européenne même si leurs préoccupations restent marquées par leur passé, poursuit le danseur. Par exemple, André a une approche très postmoderne, mais son travail a un angle social très important. Cette signature politique et sociale est très peu présente sur la scène québécoise."
Inspirée des artistes rebelles David Wojnarowicz et William Burroughs, la pièce marie danse et théâtre pour traiter du lien entre le rêve, la mort et la rage. "Le mouvement est très brut, commente PPS. André ne voulait pas que ça fasse trop danse; il voulait de l’énergie. Un des aspects les plus fascinants est de voir que Vincent et moi faisons quelque chose de totalement différent avec la même gestuelle."
Signé Pierre-Paul Savoie, le solo d’ouverture livre à travers le corps le témoignage d’un homme qui a vécu. "J’ai voulu relever le défi de montrer ce qui est là mais qu’on ne voit pas, confie le chorégraphe. Comme le corps contient toute notre histoire, je l’ai laissé parler en improvisant pendant un an et j’ai construit avec les images qui me hantaient pendant le processus. Le fait que ma mère soit morte m’a replongé dans mon histoire et je me suis découvert." Un solo intense et troublant, au dire de ceux qui en ont vu le work in progress. Un programme qui s’annonce stimulant.
Du 18 au 22 mars
À l’Agora de la danse
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