Contes en tranches, séparés mécaniquement : Six personnages en quête de sens
Les membres de la jeune compagnie Les Indigestes offrent des Contes en tranches, séparés mécaniquement.
En 1971, Michel Tremblay écrivait: "on est une gang de tu-seuls ensemble". Près de quarante ans plus tard, Les Indigestes le répètent presque mot pour mot et l’illustrent avec force en regroupant six monologues de Max-Antoine Proulx, Jean-François Boisvenue et Mathieu Lepage sous la bannière d’une soirée intitulée Contes en tranches, séparés mécaniquement.
Dirigés par Julie-Ange Breton, les six comédiens nous donnent à voir autant de différentes histoires où la fuite de la solitude et la peur du silence se racontent avec humour et sincérité. L’un des personnages est un psychologue pris au piège entre sa mère et sa quasi ex-femme. Un autre trouve un semblant d’amour à 120 à l’heure sur l’autoroute. Un troisième retourne dans sa ville d’enfance et y prend conscience de la fausseté des apparences. Sur une scène digne d’une brocante, des jeunes lucides mais souvent déjà blasés constatent le mal du siècle: alors qu’ils possèdent tout, la pauvreté des relations humaines les mine. Le désir de faire de cette soirée un regroupement de monologues est donc parlant: si Les Indigestes avaient la possibilité d’unir leurs multiples forces en une création collective, ils ont au contraire préféré les diviser. Résultat: une impression de zapping comme à la télé, et une absence de dialogues comme dans la vie. Mais si la forme empruntée sert parfaitement le propos, certains détails font moins bonne figure. On peut entre autres reprocher une redondance entre certains textes et une fin en queue de poisson décevante qui aurait cependant pu, dans un autre contexte, être agréablement déroutante. La manipulation tortueuse du décor entrave quant à elle le rythme et apporte peu à la facture visuelle, alors que les accessoires, intégrés avec originalité au départ, sont parfois sur-utilisés.
Mais ne nous y trompons pas: le jeu sobre, juste et touchant d’Étienne Jacques ou de Mathieu Lepage ainsi que l’excellente prose de "Maman c’est trop" rattrapent la mise et marquent les esprits. Malgré quelques maladresses, on reste sur l’impression d’avoir vu quelque chose d’authentique, un phénomène moins répandu qu’on pourrait le croire.
Jusqu’au 29 mars
À La Risée
Voir calendrier Théâtre