Dragon bleu, dragon jaune : Dans le ventre des dragons
Scène

Dragon bleu, dragon jaune : Dans le ventre des dragons

Le Théâtre du Double Signe conclut son "mini-festival" consacré à ses plus récents classiques avec Dragon bleu, dragon jaune, une réflexion sur l’art.

Seulement deux ans se sont écoulés depuis la création de cette pièce inspirée d’un conte coréen dans lequel un empereur confie à un artiste de peindre une oeuvre comportant deux dragons, un bleu et un jaune. Vu de l’extérieur, ce laps de temps peut paraître un peu court, mais pour la dynamique équipe du Double Signe, le fruit est mûr et il est grand temps d’y croquer à pleines dents de nouveau; des représentations sont prévues à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier à Montréal, en plus de celles de Sherbrooke.

"C’est essentiellement le même spectacle, mais en deux ans, les choses se déposent, explique Patrick Quintal, auteur et metteur en scène de Dragon bleu, dragon jaune. On le regarde avec une distance qu’on n’avait pas à l’époque. Puisque c’est une pièce qui existait déjà, on a pu se donner le temps d’aller plus loin sur le plan des images, de la texture, du jeu… Entre autres, on va dans quelque chose de plus intérieur avec l’empereur."

La compréhension de ce personnage par celui qui l’interprète, Jean-François Blanchard, est d’autant plus grande que la réflexion que suscite la pièce l’a habité au cours des deux dernières années: "C’est un conte qui parle de l’art, de la démarche artistique, de l’artiste et de son oeuvre… Quand arrive-t-il à ce qu’il souhaite vraiment, selon sa vision intérieure? Depuis deux ans, le conte nous a rattrapés en tant qu’artistes car on savait qu’on allait refaire cette pièce. On en est venus à mieux comprendre le message."

C’est donc avec un réel plaisir que le comédien revêt de nouveau les atours de l’empereur, car il profite du cheminement intérieur que la pièce lui a permis de faire. "Il y a quelque chose de tabou dans ce conte. Qu’est-ce que la vraie nature du travail artistique? L’artiste souhaite arriver au succès, au public… mais est-ce que ça reste artistique selon ses valeurs? La vie d’artiste comprend son lot de questionnements, de travail et d’introspection…"

UN PETIT NOUVEAU

Incarner l’artiste au théâtre ne semble pas être une mince tâche. On peut imaginer qu’intégrer une équipe déjà en place comporte également sa part de difficultés. Or, il s’agit du lot d’Alexis Roy, qui remplace François Bienvenue dans le rôle du peintre Rusthayan et qui s’avère le seul "petit nouveau" de cette deuxième mouture de Dragon bleu, dragon jaune. "Dans le conte, Rusthayan est présenté comme une figure légendaire, précise Alexis Roy. On dit de lui qu’il a 192 ans. Ça nous plonge dans le fantastique, dans quelque chose qui est hors du temps. C’est donc plus un archétype que l’incarnation d’un artiste comme tel. Moi, ce que j’essaie de porter à travers le personnage, c’est le mystère et la profondeur, mais sans tomber dans le cliché. Ça m’oblige à jouer avec beaucoup d’élagage, de simplicité… De cette façon, on va chercher la force de l’imaginaire du conte."

Quant à son intégration, tout s’est fait en douceur. "Quand tu continues ce que quelqu’un d’autre a fait, il y a une pression. Mais avec la dynamique du groupe et ce que Patrick inspire à la mise en scène, je n’ai pas senti que je devais m’adapter. Je suis entré là-dedans et j’étais prêt. J’aime beaucoup l’équipe." Sur scène, celle-ci est complétée par les comédiennes Sylvie Marchand et Vladana Milicevic, ainsi que par les musiciens René Béchard et Julie Béchard.

À son tour, Patrick Quintal insiste sur l’importance et la qualité de cette équipe qui comprend également ceux qui ne sont pas sous les projecteurs: "Pendant longtemps, on s’est demandé comment on allait raconter cette histoire. Avant que ça soit mis en place, je n’avais rien écrit. J’ai donc fait une première esquisse qu’on a retravaillée en équipe et ensuite, je suis passé à la véritable écriture. D’ailleurs, ça me fait drôle de lire "une pièce de Patrick Quintal", car ça ne correspond pas au processus." La modestie et la générosité dont fait preuve le directeur artistique du Double Signe sont inspirantes, voire rassurantes. L’âme d’un peuple ne réside-t-elle pas dans les mouvances de ses artistes? Voilà une réflexion qu’on pourra poursuivre en assistant à Dragon bleu, dragon jaune.

Du 25 au 29 mars à 20h
À la salle Desjardins du Théâtre Léonard-St-Laurent
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