Jean-Guy Legault : Double emploi
Jean-Guy Legault signe l’adaptation et la mise en scène du classique de la littérature fantastique Dr Jekyll et M. Hyde.
Après avoir été, en 2006, le chef d’orchestre de Poe – une fable inspirée de l’oeuvre d’Edgar Allan Poe -, Jean-Guy Legault se lance dans l’univers tout aussi fantaisiste de l’écrivain Robert Louis Stevenson avec Dr Jekyll et M. Hyde. Luc Bourgeois interprète l’homme aux deux visages, tandis que Sylvie Drapeau, Sophie Clément, Albert Millaire, Jean-François Casabonne, Marcel Pomerlo, Jacques Baril et Gilles Pelletier complètent la distribution.
"Tu crées et adaptes en fonction de ce que tu aimes, lance Legault. J’aime le côté ludique des choses. Au théâtre, je ne suis pas un fan de réalisme. Poêle, frigidaire, j’haïs ça pour mourir!" Avec Dr Jekyll et M. Hyde, le metteur en scène est servi! Tout le monde connaît cette nouvelle publiée en 1886 dans laquelle un réputé scientifique de l’ère victorienne, membre de "la haute", tente de mettre au point une substance capable de libérer l’homme de ses pulsions animales afin que triomphe la bonté. Mais la poudre qui résulte de ses recherches provoque plutôt l’effet inverse.
"Jekyll fait des essais sur lui-même, explique Legault. Et comme dans toute bonne expérience, ça dérape! La société dans laquelle il vit est très rigide. C’est une époque où priment la retenue et la bienséance. Lorsqu’il consomme cette drogue, il se sent plus libre, il aura donc besoin de plus en plus de drogue pour assouvir cette envie de liberté. À vouloir éliminer le mal, il va devenir un aspect du mal, la partie Hyde (cachée) de lui-même."
L’oeuvre de Stevenson prend des allures de thriller lorsque des meurtres sont commis et que les amis de Jekyll tentent, avec un agent de la Scotland Yard, de démasquer le coupable. Si Legault a conservé le synopsis et le contexte historique de l’oeuvre originale, il a tout de même effectué un énorme travail de réécriture: "La nouvelle de Stevenson est très didactique. C’est une réflexion sur le bien et le mal et sur la quête de l’homme. Il a fallu mettre cela en action, créer l’intrigue et les dialogues." Pour ce faire, le metteur en scène a imaginé de nouveaux personnages dont celui de Gwendoline, une prostituée jouée par Drapeau. "J’ai voulu amener un élément féminin. Gwen se retrouve prise, sans le vouloir, dans l’engrenage du dédoublement de Jekyll."
Une foule d’adaptations cinématographiques et théâtrales du roman ont déjà vu le jour; en quoi celle-ci se démarque-t-elle? "Elle met la science à l’avant-plan, soutient Legault. Cette pièce pose des questions du genre: à partir de quel moment va-t-on trop loin? On justifie le progrès selon l’avancement de la science, mais est-ce réellement du progrès?" Le metteur en scène a donc créé un Jekyll dont la mutation se concrétise par une transformation subtile du corps et de la voix. "Le personnage n’a pas la même conscience physique selon qu’il est Jekyll ou Hyde. De plus, le parler des comédiens est organique alors que leur gestuelle adopte une stylistique précise, un peu à la manière expressionniste." Préparez-vous à un thriller digne de ce nom!
Du 28 mars au 12 avril
Au Théâtre Denise-Pelletier