Marc-André Charron : Sables mouvants
Scène

Marc-André Charron : Sables mouvants

Marc-André Charron signe le texte et la mise en scène de Dig, une pièce en forme de quête des origines.

À la tête des Productions Satellite, une compagnie fondée en 2005, Marc-André Charron est metteur en scène, auteur et acteur. Premier Québécois détenteur d’une maîtrise en arts de la scène de la London International School of Performing Arts de Londres (LISPA), il a aussi fait un passage chez Jacques Lecoq, à Paris, et à l’École de mime Omnibus, à Montréal. Le jeune homme a la bonne habitude de monter des pièces en France, au Québec et en Angleterre avec des artistes des quatre coins de la planète. Après La Descente de Jack Lebeau et Bonsaï Maple Syrup, il s’apprête à dévoiler Dig.

La production, qui a nécessité deux ans de travail, s’ouvre sur une scène recouverte de sable, un désert d’où surgissent personnages et accessoires. "En cours de route, explique Charron, le sable a fini par retenir notre attention. Cette fois, la matière a précédé les idées. L’histoire et les personnages sont nés de là et ils ont fini par prendre le dessus." Au final, les scènes s’articulent autour d’une métaphore, le geste de creuser auquel le titre fait référence. Qu’y a-t-il d’enfoui sous nos pieds? Au fond de nous? Quels outils faut-il pour creuser chez les hommes? "Au fond, lance l’auteur-metteur en scène, en archéologie comme en excavation pétrolière, creuser, c’est s’intéresser au passé, aux traces et à l’histoire." Ainsi, la mémoire est au coeur de la représentation. "Tous les personnages sont à la recherche d’eux-mêmes, précise Charron. Ils sont tous un peu orphelins. En creusant, ils se cherchent des origines, des racines."

L’action se déroule dans un village modeste du monde arabe, au moment où une tempête se prépare. Raphaël, un archéologue québécois troublé par une vieille histoire de coeur, affirme avoir trouvé un site dont les secrets remontent à l’origine même de l’humanité. Pour cette raison, l’excavation pétrolière entreprise par une compagnie britannique est interrompue. L’attention et les ressources dévouées à cette chasse aux trésors ne feront pas l’unanimité d’une communauté déjà accablée par la pauvreté. "Je ne suis pas capable de parler d’autre chose que de mes réflexions personnelles, avoue Charron. Je ne veux pas essayer de rendre le spectacle politique. Même si on touche les thèmes de la religion, de la guerre ou du capitalisme, ça reste essentiellement une histoire d’amour."

Marionnettes, modèles réduits, mime, acrobaties et combats aident les acteurs à raconter une histoire tour à tour mélodramatique et satirique, drôle et touchante. "Pour moi, ce sont simplement d’autres moyens de raconter les histoires, des outils. C’est un ludisme qui rend les choses plus accessibles, plus vite." Principalement francophone, la représentation est aussi parsemée d’arabe et d’anglais. À la tête d’une équipe de comédiens d’origines diverses – Mustapha Touil (Maroc), Sabine Choucair (Liban), Mireille Tawfik (Égypte/Québec), Robin Edwards (Grande-Bretagne) et Nicolas Belle-Isle (Québec) -, Charron souhaite partager le riche échange culturel au centre du projet sans pour autant donner dans le théâtre communautaire. "On n’a pas envie de s’isoler, bien au contraire. On me parle beaucoup d’accommodements raisonnables depuis que je travaille sur Dig et j’avoue que ça m’énerve. On parle cinq langues dans la compagnie et ça se passe très bien!"

Du 25 mars au 5 avril
Au Studio du Monument-National
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