Victor Quijada et Anne Plamondon : Les deux font la paire
Scène

Victor Quijada et Anne Plamondon : Les deux font la paire

Victor Quijada et Anne Plamondon, du Rubberbandance Group, présentent AV Input/Output, la nouvelle oeuvre d’une jeune compagnie qui remporte l’adhésion du public partout où elle passe.

"On parle de fusion dans ma danse, mais le mot le plus juste serait hybridation", affirme Victor Quijada tandis qu’il se dirige vers la Cinquième Salle de la PdA, où le Rubberbandance Group (RBDG) est en résidence pour quatre ans. "Je ne suis pas influencé par le breakdance ou par le classique comme tels; je suis influencé par mes expériences dans ce monde. Je me reconnais comme un b-boy, un danseur classique et un danseur contemporain. Je me sens même acteur, car le théâtre est le quatrième élément de cette hybridation."

De toutes les disciplines qui ont fait de lui un artiste accompli, le Californien né de parents mexicains a gardé ce qui résonnait le plus en lui. "La puissance du hip-hop, la composition chorégraphique du classique, sa rigueur et ses exigences techniques, la force des images du contemporain, son utilisation de l’espace et du temps…" Mais, au fond, celui qui dansait dès l’âge de huit ans dans les rues de Los Angeles et qui allait être formé aux danses classique, moderne et contemporaine ne fait pas tant de différence entre les styles. Selon lui, tout est dans tout. Seule l’approche diffère. Avec le RBDG, il affirme la sienne dans une danse virtuose et accessible. Et le public en redemande.

Tandis que Quijada débarquait à Montréal pour intégrer les Grands Ballets, en 2000, Anne Plamondon revenait d’un séjour de 5 ans en Europe où elle avait dansé pour 2 compagnies majeures après être passée, elle aussi, par les Grands Ballets. "J’ai été exposée à des maîtres qui travaillaient avec des muses, j’ai vu Jiri Kylian développer sa vision et son oeuvre à travers ses danseurs et ça a allumé une flamme, se souvient-elle. J’avais besoin de sentir que je n’étais pas juste un numéro à qui on pouvait demander d’apprendre un rôle que 10 autres avaient dansé avant. Je cherchais quelque chose qui allait m’appartenir. Je voulais être le corps et la personne avec lesquels une idée avait été développée."

BESOIN D’UN ESPACE

Le sens qu’elle cherche à sa carrière, Plamondon le trouve dans la rencontre avec Quijada lors d’une audition pour une chorégraphie qu’il signe dans un film sur Haendel. On est en 2002, le RBDG voir le jour, et s’il faudra près de 2 ans pour que la ballerine se sente vraiment à l’aise avec la gestuelle et l’esprit du hip-hop, le succès est immédiat. Six ans et quelques prix plus tard, le RBDG reçoit une subvention à la création d’un organisme états-unien qui soutient également les diffuseurs intéressés par la prochaine pièce. Ainsi, l’oeuvre présentée l’an prochain par Danse Danse n’est pas encore créée qu’elle est déjà programmée dans 15 villes. Une consécration pour cette compagnie qui a fait ses débuts en répétant dans un local de kung-fu et en dansant à peu près n’importe où.

"Quand j’ai commencé, et même déjà dans les ateliers chorégraphiques des Grands Ballets, je voulais faire une danse qui allait à l’essentiel, commente l’homme de 31 ans. J’avais besoin de me prouver que j’étais capable de chorégraphier sans costumes extravagants, lumières étonnantes ni décors hallucinants pour cacher une faiblesse. J’avais juste besoin d’un espace." Le spectacle Perspectives élastiques, qui a le plus tourné, est un amalgame des oeuvres de ce temps-là. Il comprend notamment ces pièces dansées sur des airs classiques connus qui ravissent tant le public.

AV Input/Output, le nouveau duo dévoilé ces jours-ci, comprend des éléments de cette époque tout en faisant écho à des pièces un peu plus confidentielles telles que Slicing Static, créée in situ en 2004 à l’Usine C, ou Metabolism, présentée à Tangente en 2003. La gestuelle et le style s’y raffinent, les souliers de course ont disparu, et on y retrouve des collaborateurs talentueux: le concepteur d’éclairages Yan Lee Chan et le compositeur Mitchell Akiyama auquel s’ajoute DJ Lil Jaz. La caméra de René-Pierre Bélanger s’ingénie, quant à elle, à révéler sous différents angles l’humanité du couple de danseurs.

Du 26 au 29 mars
À la Cinquième Salle de la PdA
Voir calendrier Danse

Consultez la page de la Série Cinquième Salle sur www.voir.ca/5esalle.