Chanti Wadge : À la source
Scène

Chanti Wadge : À la source

La chorégraphe-interprète Chanti Wadge inaugure un nouveau programme de résidence à Tangente. Des trois semaines qui lui sont offertes, elle choisit d’en ouvrir deux au public pour présenter just beings.

Dans notre survol de la saison de janvier, nous avons signalé Chanti Wadge comme une artiste à surveiller. D’abord, parce qu’elle est une interprète et performeuse éblouissante de présence et de perfection technique. Aussi, parce qu’elle fait partie de ces créateurs qui creusent leur sillon sans faire de concessions aux esthétiques en vogue et aux désirs supposés du public. Artiste pluridisciplinaire, elle use volontiers de la vidéo, du texte, de la photo ou du dessin pour élargir les perspectives sur son propos. Ses oeuvres sont intenses et singulières, vibrant d’une sensibilité pénétrante malgré leur caractère conceptuel.

"Je cherche différentes façons de présenter le corps entre le mouvement pur et une physicalité qui n’est pas nécessairement de la danse, explique la Vancouveroise installée à Montréal depuis 2002. Il n’y a pas de vidéo dans ma nouvelle pièce. C’est le travail avec des accessoires et des costumes qui produit de légers glissements qui permettent de percevoir le corps différemment." Accompagnée sur scène de la Brésilienne d’origine Luciane Pinto, Wadge se sert entre autres de masques, de plumes et d’objets sonores pour explorer la notion de transformation. Plaçant à nouveau le corps en relation poétique avec le son et avec la lumière, elle poursuit sa collaboration avec le concepteur d’éclairages Lee Anholt et invite sur scène le très incarné compositeur-interprète de musique actuelle Michel F. Côté.

D’une façon ou d’une autre, Wadge cherche à transcrire l’essence des êtres et de la vie. "C’est vrai que je continue d’être inspirée par les cycles de la vie, par cette suite sans fin de morts et de renaissances qu’on observe dans la nature, mais aussi dans chaque micro-situation du quotidien, commente-t-elle. Cette fois, la pièce reflète plutôt les processus de transformation de simples existences. Elle est très inspirée de conversations avec Luciane sur nos vies, nos relations, nos façons de surmonter les difficultés… Du coup, les propositions sont plus simples que dans la dernière pièce présentée à Tangente, qui était une sorte de collage, et elles durent plus longtemps pour qu’on puisse voir les transformations. Il n’y a rien de magique: il s’agit juste de voir ce qui se passe quand on reste pris avec ce qui est là."

Artistes aux parcours souvent parallèles, Wadge et Pinto entretiennent une amitié de la force d’une sororité qui teinte clairement just beings. Ensemble, elles ont participé à des rituels chamaniques en Amérique du Sud dont certains éléments colorent également la création. "C’est sûr que, pour nous, la pièce a une dimension spirituelle, mais cela ne se voit pas nécessairement", confie celle qui a étudié en sciences humaines avant de choisir la danse comme mode d’action. Et si la spiritualité demeure sa principale muse, sa définition du sacré n’a rien d’ésotérique. "Le sacré, c’est de révérer et d’honorer la vraie nature des choses. Qu’elles soient très ordinaires ou très spéciales, l’important, c’est leur authenticité, leur connexion à la source." Ne reste donc qu’à nous brancher, tout simplement.

Jusqu’au 6 avril
À Tangente
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