Dr Jekyll et M. Hyde : De l'autre côté du miroir
Scène

Dr Jekyll et M. Hyde : De l’autre côté du miroir

En s’inspirant de la série b et de l’expressionnisme allemand, Jean-Guy Legault offre une relecture originale du mythique Dr Jekyll et M. Hyde.

Grand amateur de ludisme au théâtre, Jean-Guy Legault s’est attaqué avec un plaisir certain à l’adaptation de Dr Jekyll et M. Hyde, cette nouvelle fantastique de Robert Louis Stevenson publiée en 1886. À Londres, dans la foulée de l’ère victorienne, le réputé Dr Jekyll est reconnu pour son amour de la controverse. Contrairement à ses collègues médecins membres de l’Académie, il adhère à la théorie de Darwin et scande que le vice réside en chaque individu.

Persuadé que la science détient le pouvoir de parfaire l’homme, Jekyll tente de créer une substance capable de séparer le bien du mal à l’intérieur de chaque être humain. L’expérience tourne au drame lorsque le scientifique teste sur lui-même la poudre magique et provoque la libération de ses instincts les plus vils, lesquels se matérialisent sous la forme de M. Hyde. Lorsque des meurtres sont commis, une enquête policière débute pour permettre de découvrir l’identité de l’assassin.

Cette production est sans contredit un objet théâtral esthétiquement agréable à regarder. Entre les scènes, de longs et larges drapés vaporeux et transparents se déplacent pour reconfigurer l’espace et permettre de splendides jeux d’ombres. On assiste aussi à un chassé-croisé de jets lumineux réfléchis par un grand miroir, objet symbolique dont Legault se sert pour illustrer le dédoublement de Jekyll en Hyde et vice-versa. De plus, les costumes attirent l’oeil. Cela dit, on quitte tout de même la salle perplexe puisque cette histoire interminable – dans laquelle les comédiens adoptent une voix et une gestuelle qui oscillent entre le cartoon, le thriller de série b et l’expressionnisme allemand – donne plus souvent envie de rire que de croire à l’action.

Dans cet ensemble de mouvements stylisés, on cherche la vérité. Malgré le jeu exceptionnel de Luc Bourgeois, on oublie le drame intérieur qui habite le personnage principal. De plus, l’ajout d’un personnage féminin (incarné par Sylvie Drapeau) irrite malheureusement plus qu’il n’enrichit le propos. En effet, cette Gwendoline ne semble représenter qu’un objet de désir sans substance, pris au piège entre le bien et le mal.

Jusqu’au 22 avril
Au Théâtre Denise-Pelletier
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