Rencontre avec le bel indifférent : Cent mots
Scène

Rencontre avec le bel indifférent : Cent mots

Rencontre avec le bel indifférent donne à voir une femme moderne, forte et indépendante dans une situation universelle: la mort d’un amour.

Pour monter sur scène, la jeune Roxanne Bourdages a fondé la compagnie De fil en aiguille et s’est entourée du metteur en scène Mario Borges et du comédien Maxime Allard. Ils se lancent ensemble dans l’adaptation dramatique de deux textes de Cocteau, Le Menteur et Le Bel Indifférent. Le montage finit par raconter, tout simplement, la fin d’une relation.

Elle s’approprie le texte du Bel Indifférent, tente de communiquer ses pensées et ses émotions à son amant terré dans le mutisme, jusqu’à ce qu’elle en ait assez et décide de continuer sa route seule. Lui, incapable de répondre directement aux invectives de la jeune femme, plonge dans le texte du Menteur et en extrait les répliques qu’il sert au public. Oscillant entre des silences profonds et de longues tirades, les acteurs se révèlent excellents. On en vient presque à regretter le fait que l’homme doive parler tant son jeu silencieux est riche, alors que la femme s’avère très solide malgré un faux départ. En effet, celle-ci semble parfois confondre rythme et vitesse, avec pour résultat quelques bafouillages et autres accrocs sans gravité. L’environnement sonore et visuel, dépouillé mais efficace, donne vie au hors-scène dans l’imaginaire du spectateur, créant une maison, un immeuble et une ville autour de la salle de bains montrée sur scène: une fenêtre découverte par moments, sur le mur du fond, ouvre l’espace et incorpore l’univers urbain de Montréal à celui de la pièce. Tous ces éléments ne parviennent cependant pas à effacer l’impression d’assister à un dialogue de sourds. Certes, on pourrait mettre ces répliques décousues sur le compte de l’incommunicabilité régnant au sein du couple, mais il faut admettre que les deux textes de Cocteau sont plus ou moins bien agencés et inspirent une certaine confusion.

La combinaison de la brièveté (la pièce dure à peine une heure) et de la répétition renforce cette idée et nous laisse sur notre faim, comme s’il s’agissait là d’une très longue introduction. Rencontre avec le bel indifférent nous fait donc découvrir un monde de talents, mais le fond du propos s’évapore malheureusement trop rapidement pour leur permettre de rayonner à leur juste valeur.

Jusqu’au 5 avril
À La Balustrade du Monument-National
Voir calendrier Théâtre