Sébastien Harrisson : Faire tomber les barrières
Avec Stanislas Walter Legrand, le dramaturge Sébastien Harrisson croise la petite et la grande histoire.
Encore perturbé par la perte de sa mère, le jeune Stanislas arrive dans un pays détruit par la guerre. Nous sommes au Moyen-Orient, il vient y rejoindre un vieillard loufoque qui dit être son père. Or, l’enfant n’a que faire de se lier avec quiconque et il passe le temps en jouant avec sa balle, la lançant contre le mur. Et puis un jour, ce mur se met à lui parler. Un enfant arabe l’habite depuis un millénaire…
Le mur-personnage est à la base du texte de Sébastien Harrisson. Ce dernier était allumé par l’idée de s’attaquer à un défi formel de la sorte. Gageure qui, de son propre aveu, a été ardue, mais combien créative. "Travailler avec ce genre de contrainte, ça dirige vers un questionnement qui ne viendrait pas autrement."
Au-delà du défi formel, le mur est également un grand porteur de sens. Il évoque la fermeture et l’impasse du dialogue, clef de voûte de Stanislas Walter Legrand. "Stanislas se confronte à un mur et c’est une métaphore de ce qu’il est en train de vivre. La quête du jeune garçon est de s’ouvrir et de trouver une façon d’aller vers l’autre. Entre Stanislas et l’enfant emmuré, il y a un effet miroir. Comme si les deux histoires se répondaient."
Stanislas apprend aussi à s’ouvrir au vieil homme, à le connaître ou plutôt à le reconnaître en tant que père. Le dialogue et la transmission entre les générations, voilà des thèmes qui sont récurrents dans les pièces du dramaturge de 32 ans à qui l’on doit notamment D’Alaska. "À la base, je crois que dans le fait d’écrire, il y a un désir de transmission qui est toujours présent. Dans mon cas, ça se traduit aussi dans les propositions que je développe en tant qu’auteur. Il faut croire que ça m’obsède particulièrement!"
L’action de Stanislas Walter Legrand se déroule dans le monde arabe. Effet post-11 septembre, croyez-vous? Pas du tout, puisque la première version de la pièce date de 1999. Harrisson a d’ailleurs modifié le texte après septembre 2001, alors que l’actualité n’en avait que pour le Moyen-Orient. "Au départ, la guerre était beaucoup plus présente dans le récit. Mais avec la paranoïa du terrorisme, j’ai décidé de camper l’action dans un pays en reconstruction et de mettre l’accent sur l’histoire humaine. Je ne voulais pas me perdre dans les détails sociaux et politiques."
Il aurait pu choisir de changer de région, tout simplement. Mais selon lui, le meilleur endroit pour faire parler un mur est le Proche-Orient. "Ça évoque une vieille civilisation avec de grands mythes. Une importante tradition orale est liée à la culture de cette région. L’enfant dans le mur est en quelque sorte dépositaire d’une vieille civilisation. Il a rencontré une foule de gens venus se reposer à son ombre et qui, se croyant seuls, se sont confiés à lui. À travers les années, il a accumulé plein d’histoires."
Au tour du public de 8 à 12 ans de connaître toutes ces histoires, via une production de L’Arrière Scène mise en scène par Serge Marois et mettant en vedette Simon Boulerice, Gabriel Lessard et Richard Fréchette.
Du 9 au 27 avril
À la Maison Théâtre
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