Oreille, tigre et bruit : En surface
Scène

Oreille, tigre et bruit : En surface

Le Théâtre d’Aujourd’hui a décidé de reprendre Oreille, tigre et bruit. On se demande un peu pourquoi.

Créée sous la bannière du Groupement forestier du théâtre en 1996, la pièce d’Alexis Martin méritait-elle d’être reprise sur la grande scène du Théâtre d’Aujourd’hui? Si Oreille, tigre et bruit est un texte désopilant, c’est tout de même l’un des moins substantiels de tout le répertoire de Martin. Rien ici qui ait l’ampleur de Matroni et moi, Bureaux ou Tavernes.

Comment expliquer alors que pour sa première mise en scène dans la grande salle du Théâtre d’Aujourd’hui, Daniel Brière ait choisi cette réflexion plutôt sommaire sur la communication? Sans grande surprise, la production table néanmoins sur une efficace utilisation de l’objet, une conception sonore soignée et surtout une distribution de comédiens experts en ressorts comiques.

Hubert Alain, animateur d’une émission littéraire télévisée, se plaint d’entendre un bruit étrange dans l’oreille gauche, un bruit blanc, comme celui d’une chute d’eau. Qu’est-ce qui est en cause? La rumeur du monde? Un tigre qui serait métaphoriquement prisonnier de son oreille depuis l’enfance? La relation difficile qu’il entretient avec sa femme? Le babillage pseudo-intellectuel de ses invités? On ne le saura jamais. Parce que si la représentation nous entraîne dans la quête d’Hubert, elle nous abandonne aussi dans son sillage. En fait, nous ne sommes pas assis dans cette salle pour réfléchir, ou alors si peu, pas plus que pour découvrir l’issue d’une aventure captivante. Nous sommes là pour apprécier les performances d’une équipe de comédiens caméléons.

Dans une forme du tonnerre, Evelyne de la Chenelière, Éloi Cousineau, Patrick Drolet et plus encore Christian Bégin tiennent le spectacle sur leurs épaules. À quatre, ils incarnent pas moins de 13 personnages: une romancière, un essayiste, un anthropologue, un acteur porno, un prêtre, un informaticien… toute une galerie d’irrésistibles hurluberlus qui tentent tant bien que mal de canaliser leurs incommensurables pulsions sexuelles dans la littérature et les idées. À côté de ce groupe d’intellos débridés, et ce, malgré les efforts de François-Étienne Paré et Fanny Mallette, l’animateur et sa conjointe font bien pâle figure.

Jusqu’au 26 avril
Au Théâtre d’Aujourd’hui
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