Variations énigmatiques : Jeu de pistes
Scène

Variations énigmatiques : Jeu de pistes

Hugues Frenette, qui vient tout juste de quitter la peau de Cyrano, dirige Emmanuel Bédard et Vincent Champoux dans Variations énigmatiques. Question d’interprétation.

Le Théâtre du Dream Team, qui nous avait offert GlenGary GlenRoss l’année dernière, nous revient avec Variations énigmatiques d’Eric-Emmanuel Schmitt. À la différence que, cette fois, le comédien Hugues Frenette demeure en coulisses, tandis qu’il s’est vu attribuer le rôle de metteur en scène. "Emmanuel Bédard et Vincent Champoux m’ont approché parce qu’ils avaient envie de se concentrer sur le jeu plus que sur une éventuelle relecture, précise-t-il. C’est un auteur récipiendaire du prix Nobel et un journaliste qui se retrouvent isolés dans une maison sur une île, et chacun utilise des faux-semblants pour se cacher à l’autre. Il s’agit donc d’une espèce de huis clos avec une série de rebondissements. Ce qui fait que les gars ont senti qu’il y avait quelque chose à explorer sur le plan de l’interprétation."

À ce propos, il aime à penser que la présentation de ce spectacle à Premier Acte en surprendra certains. "On y a vu des productions plutôt audacieuses dans leur traitement, observe-t-il. Nous, ce qu’on privilégie, c’est vraiment le jeu, dans ce que ça implique d’amusement, mais aussi, d’effort. Il s’agit d’un numéro d’acteurs, de l’occasion d’interpréter des personnages qui possèdent de nombreuses couches et passent par plusieurs états émotifs. On se fait plaisir quand on s’attaque à ce genre de pièce." De quoi le rendre jaloux? "Ce qui est dur, c’est de ne pas dire: "Moi, je ferais ça comme ça" et d’éviter de se lancer dans le bout d’interprétation, admet-il. En même temps, les gars désiraient que je les dirige comme si j’avais à jouer ce texte, alors j’imagine que, si ça se produit, ils ne m’en voudront pas trop."

Autant dire qu’il appréciait particulièrement le caractère touffu de l’intrigue. "Je savais qu’il y aurait un travail très précis à faire afin de démêler les écheveaux et qu’on saisisse bien les véritables enjeux, poursuit-il. Schmitt est reconnu pour broder de façon un peu psychologique, pour s’amuser avec les mots. Nous, on avait envie de faire un spectacle qui donnerait aussi dans l’action, pas juste dans la réflexion. Donc, on a d’abord cherché le fil de l’histoire et on s’est attardés là-dessus. Ce qui m’a intéressé, c’est ce lien unissant ces deux hommes l’espace d’une heure trente, la manière dont il semble s’effriter, alors que, finalement, ils pourront difficilement s’en dégager."

Quant à l’interprétation à proprement parler, il explique: "On s’est rendu compte que la situation s’avère en soi assez originale. De sorte qu’on s’est dit: "Essayons de composer des personnages plus loin de nous, de coller à ce contexte, avec un jeu qui, même en restant naturaliste, va susciter l’étonnement."" Pour typer les caractères, ils se sont par ailleurs servis du fait que chacun possède une conception bien différente de l’amour, sujet en venant du reste à monopoliser l’attention. "L’auteur a l’air totalement au-dessus de ses affaires dans la première partie et, plus ça avance, plus on prend conscience de ses failles. Tandis que, pour le journaliste, qui détient les ficelles de l’intrigue, c’est l’inverse. Ce trajet devient aussi très utile pour rendre ça encore plus percutant", conclut-il… énigmatique, serait-on tentée d’ajouter.

Jusqu’au 26 avril
À Premier Acte
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