Dragon bleu, dragon jaune : Simplicité volontaire
Le Dragon bleu, dragon jaune du Théâtre du Double Signe débarque dans la métropole après un vif succès à Sherbrooke en 2006.
La mode est au conte, on ne se le cachera pas. D’ailleurs, c’est à partir d’un conte coréen d’à peine cinq pages que l’auteur et metteur en scène Patrick Quintal a élaboré le texte de Dragon bleu, dragon jaune. La présence de narration ou de chansons jouées sur scène force à reconnaître l’attachement de la pièce à cette tradition renaissante, ou du moins l’influence que cette dernière a exercée sur elle. Mais si la forme enlève un peu d’originalité à la production, son pouvoir d’évocation, lui, reste intact.
Dans un monde aux dominantes asiatiques marquées, la fable prend pour sujet l’histoire d’un empereur qui, pour souligner le vingtième anniversaire d’un règne de paix, désire créer un emblème. Il fait donc appel au célèbre et presque bicentenaire peintre Rusthayan, dont les requêtes raffinées feront s’étirer les travaux sur cinq ans, années qui pour le souverain se révèlent insupportables d’attente. Cette fable plutôt simple est à l’image de la scène qui l’honore: le plateau est dépouillé, les costumes, sobres, et la suggestivité prend le pas sur la démonstration. Le mouvement d’une écharpe arrive alors à créer un voyage entier sous la tempête, alors que des jeux d’ombres ponctuent l’histoire de parenthèses et autres illustrations. C’est aussi grâce à cet imaginaire que le personnage du conseiller est constitué: manipulés par Sylvie Marchand et Vladana Milicevic, un simple masque et une écharpe jaune suffisent à ébaucher les contours d’un homme et à l’animer pour le bonheur de tous. Les deux comédiennes, qui jouent d’ailleurs une multitude de rôles au fil de la pièce, égalent en polyvalence ce qu’Alexis Roy a en magnétisme. Le comédien, clown de métier, n’a en effet qu’à esquisser un geste ou une mimique pour que Rusthayan envahisse la scène: des inflexions de voix redondantes entachent toutefois une ardoise vierge. N’oublions pas de mentionner la performance de Jean-François Blanchard qui, malgré une indéniable force, manque un peu de majesté dans son interprétation de l’empereur.
Si Dragon bleu, dragon jaune semble enfantin, avec ses chansonnettes, ses marionnettes et ses conteurs, il n’en reste pas moins un agréable divertissement. Parfois comique, souvent habile, la pièce prouve par sa simplicité évocatrice qu’il n’y a pas d’âge pour se faire raconter des histoires.
Jusqu’au 26 avril
À la salle Fred-Barry
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