Olivier Choinière : Espace commun
Olivier Choinière propose un quatrième déambulatoire, Vers solitaire (OUT), une invitation à entendre la ville de tous les jours.
"Oubliez la visite audio-guidée!" lance Olivier Choinière, auteur et directeur artistique de L’Activité (anciennement ARGGL!). "Vous découvrirez sur place de quelle manière vous serez guidés." Vers solitaire (OUT) a beau être son quatrième déambulatoire, il est différent. Au lieu de faire entendre un récit, il soumet plutôt une situation, une relation avec la ville et avec son prochain. Bref, le créateur propose au spectateur de vivre ce que l’on vit au quotidien: le brouhaha de la ville.
Le parcours traverse les rues de Montréal et va même dans son souterrain. Mais que l’on ne s’attende pas à découvrir les attributs historiques ou touristiques de la métropole. On goûtera plutôt le mouvement qui l’agite. "Je veux donner à entendre cette ville dans la ville, explique Choinière, comme un théâtre dans le théâtre; par l’infection insidieuse du son, faire apparaître cette société comme un spectacle qui n’a pas de coulisses."
La matière première de Vers solitaire (OUT) vient peut-être de vous puisqu’elle est constituée des bribes de conversations que Jean-Sébastien Durocher a enregistrées dans la rue. Choinière les a ensuite retranscrites pour en faire une banque de phrases. Il a donc écrit uniquement avec les mots volés aux passants. Et de quoi parle-t-on dans la rue? "De tout et de rien, affirme l’auteur. En fait, surtout de rien. Mais un lieu commun traverse pourtant toutes les conversations. Cette voix publique, découpée puis recomposée, constitue la voix du personnage, un être que l’on pourrait décrire comme une éponge qui boit le monde, sans filtre et sans distinction."
Sur la rue, le promeneur ne sera pas à l’abri des rencontres fortuites et des hasards du quotidien. Du coup, le déambulatoire confond réalité et fiction. "Un spectacle a lieu, affirme Choinière, mais le spectateur n’y assiste plus, il le crée lui-même. Il quitte sa position de témoin pour agir à l’intérieur de l’action. Il devient donc un spect-acteur. Nous lui offrons une fiction mobile où il découvrira un personnage à l’intérieur duquel il est libre d’intégrer des éléments de sa propre expérience, de sa propre histoire."
Que ce soit sur scène ou dans ses déambulatoires, Choinière aime revisiter le rôle qu’occupe le spectateur au théâtre. "Venise-en-Québec et Félicité puisent dans la culture populaire et l’actualité pour offrir au spectateur un miroir dans lequel il n’est pas sûr de vouloir se regarder. Vers solitaire va dans le même sens, peut-être de manière plus simple et plus directe."
S’il revisite le rôle du spectateur, il en va de même avec le théâtre. Au fait, une balade en solo sans guide ni trame narrative peut-elle être considérée comme du théâtre? Pour Choinière, la question ne se pose pas. "Je crois que la scène est dans la tête du spectateur. On doit lui laisser l’espace nécessaire afin qu’il puisse bâtir son propre décor. Michel Garneau disait que nous ne sommes jamais à la hauteur de l’imaginaire de l’autre. En ce sens, le texte est un tremplin; l’acteur, un passeur; l’interprète, le public."
Du 24 au 27 avril
Départ du Théâtre La Chapelle
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