Stanislas Walter LeGrand : Dernier rempart
Avec Stanislas Walter LeGrand, Sébastien Harrisson adresse aux jeunes spectateurs une nouvelle fable sur le deuil.
Après D’Alaska, émouvante communion entre un adolescent et une dame d’un certain âge, tous deux bouleversés par la perte d’un être cher, Sébastien Harrisson s’aventure à nouveau dans les eaux houleuses du deuil avec Stanislas Walter LeGrand. Pour le jeune héros de la pièce mise en scène par Serge Marois, une production de L’Arrière Scène qui s’adresse aux 8 à 12 ans, le voyage sera éprouvant mais surtout éminemment initiatique.
L’action se déroule en Orient, dans un pays ravagé par la guerre, désormais en reconstruction. Sur cette terre où l’on s’apprête à raser les vestiges du passé pour ériger l’avenir, le jeune Stanislas a maille à partir avec sa propre histoire. Encore ébranlé par la mort foudroyante de sa mère, des suites du cancer, le garçon découvre qu’il a un père et que celui-ci, un médecin britannique qui exerce en Orient depuis de nombreuses années, a l’âge d’être son grand-père. Pour un enfant de sept ans, c’est plus de bouleversements qu’il n’en faut. Imaginez alors la surprise de Stanislas lorsqu’un jeune garçon de son âge s’adresse à lui depuis l’intérieur du vieux mur qui se trouve près de sa nouvelle maison – magnifique réalisation de Paul Livernois (scénographie) et Claude Cournoyer (éclairages). Emmuré vivant il y a des siècles, l’enfant pleure, refuse, tout comme Stanislas, de faire son deuil. Au fil de leurs discussions, les deux garçons vont cheminer vers la guérison, apaiser leurs souffrances, reconnaître qu’il faut balayer le passé pour vivre le présent, recevoir l’amour de ceux qui sont toujours là et envisager de se bâtir, sur les ruines, un avenir. De cette fable bercée par la langue superbe de Harrisson se dégage un message noble, une morale adaptée aux spectateurs de tout âge.
Dans le rôle de Stanislas, Simon Boulerice adopte habilement le corps d’un jeune garçon, ses gestes maladroits et téméraires. Quant à sa voix, ses intonations, tout cela n’est peut-être pas encore aussi fébrile qu’il le faudrait. Gabriel Lessard incarne avec beaucoup de conviction l’enfant prisonnier du mur. Son corps nous apparaît en transparence, par morceaux, comme si le personnage tentait encore, après toutes ces années, d’extraire ses membres de la pierre. En médecin british plus paternel qu’il ne l’aurait cru, Richard Fréchette est un excellent choix. On déplore que son accent soit à ce point inconstant, mais c’est un détail tant le reste de son jeu est juste.
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