bahok : Corps étrangers
Scène

bahok : Corps étrangers

C’est certainement un des événements en danse les plus attendus de la saison à Ottawa: l’Akram Khan Company et le Ballet national de Chine s’amènent au Centre national des Arts pour présenter, en primeur canadienne, bahok, les 29 et 30 avril. Le spectacle a été créé à Pékin en janvier dernier par le chorégraphe de génie Akram Khan, acclamé de par le monde pour son mariage révolutionnaire de danse contemporaine et de danse classique indienne. Or, pour la première fois de sa carrière, le créateur britannique d’origine bangladaise ne fait pas partie de sa création, puisqu’il danse en ce moment dans Sacred Monsters à Paris, avec l’icône du ballet en France Sylvie Guillem, et qu’il travaille à un autre projet d’envergure: la création d’un duo avec une autre icône française, Juliette Binoche, qui sera dévoilé au public londonien en septembre prochain.

L’art chorégraphique de Khan a déjà été acclamé à Ottawa trois fois plutôt qu’une, notamment lors de son plus récent zero degrees, où il oeuvrait dans des duos intimistes auprès de Sidi Larbi Cherkaoui.

Dans bahok – terme bengali qui signifie "porteur" -, il traite de l’identité culturelle et du sentiment d’appartenance dont chaque individu est justement "porteur". La distribution compte trois danseurs chinois et cinq danseurs de la troupe de Khan, qui sont d’origines diverses. En entrevue avec T.S. Warren de l’Ottawa XPress, Khan se remémorait la première répétition avec ses danseurs: les Chinois étaient dans un coin, les danseurs contemporains dans un autre, et les Sud-Africains et Espagnols encore dans un autre. "Ils avaient déjà créé des murs entre eux", a-t-il confié depuis Paris.

Le chorégraphe a eu l’idée de cette pièce alors qu’il est resté coincé dans un ascenseur au Japon avec des personnes de nationalités diverses: personne ne parlait ou se regardait, mais quand l’ascenseur s’est immobilisé, les murs invisibles sont tombés. Agissant tels des "messagers", les danseurs de bahok s’expriment ainsi dans des langages verbaux et corporels différents, se scindant puis fusionnant, le tout étant habillé par des musiques world-beat saccadées du compositeur et collaborateur de longue date d’Akram Khan, Nitin Sawhney.

Questionné par T.S. Warren sur ce qu’il considérait comme sa "maison" dans ce concept du sentiment d’appartenance qui traverse la pièce, Akram Khan illustre: "Ma maison, c’est mon corps. C’est mon centre et c’est une entité qui reste toujours conséquente. Même quand il grandit, il grandit avec moi, et c’est la chose dont je me sens le plus proche."

Une causerie d’avant-spectacle avec le dramaturge Guy Cools aura lieu le 29 avril de 18h30 à 19h15 au foyer du Théâtre. www.nac-cna.ca