Cabaret insupportable : Sonder les limites
Transthéâtre offre une deuxième vie à son Cabaret insupportable, un provocant et rafraîchissant délire.
L’an dernier, la formule avait déclenché un bouche à oreille extraordinaire. Six soirs durant, le Lion d’Or avait fait salle comble. On avait même dû refuser des gens. Il était donc impératif que Transthéâtre donne à son Cabaret insupportable une nouvelle vie. Le résultat, assez semblable à la première mouture, est si désopilant, si irrévérencieux et si spontané qu’on souhaite de tout coeur que cette fête du franc-parler devienne une tradition.
Toutes ces choses qui nous irritent au quotidien, les invités de Brigitte Poupart et Michel Monty s’en saisissent avec poigne. Lieux communs, idées reçues, accommodements et autres tiédeurs sont vertement pourfendus. La soirée, animée par le toujours délicieux Stéphane Crête et mise en musique par le dynamique Unbearable Band, nous expose, pour notre plus grand plaisir, aux discours les plus excédants. Dans la quinzaine de numéros, la politique, l’environnement, la religion et la culture en prennent pour leur rhume.
Dans le rôle d’Hélène Lambert, présidente du C.A. de Transthéâtre, Guillermina Kerwin est irrésistible. Sa vision de l’entreprise culturelle donne froid dans le dos. Mathieu Quesnel se glisse dans les habits d’un simple soldat entièrement dévoué à sa cause et à sa patrie, le plus beau pays du monde. Derrière les lunettes soleil de Brutal Bruno, avatar de Jeff Fillion, Stéphane Demers crache des énormités. François Parenteau aborde la discrimination en incarnant un homme que son problème de sifflement chronique confine à la radio communautaire. Enrica Boucher, Betty Bonifassi et Brigitte Poupart (qui créaient le féministe Un jour ou l’autre en février dernier) démontrent toute leur intelligence en s’adonnant à l’autodérision. L’extrait de Femmes de sang, un spectacle soi-disant en chantier sur les femmes du Moyen Âge, est l’un des moments forts de la soirée. Il faut entendre Bonifassi entonner I Will Survive en vieux français, c’est d’ores et déjà une scène d’anthologie.
Justin Laramée et Ian Murchison tentent de nous tirer des larmes à coups d’épouvantables statistiques environnementales. Éric Forget et François Marquis livrent une chanson aussi désopilante que significative. Michel-André Cardin et Sébastien Huberdeau critiquent l’amateurisme et les vedettes instantanées en massacrant des airs de Richard Desjardins et Herbert Léonard. Didier Lucien et Daniel Desputeau tiennent une séance de confession collective. Francis Ducharme donne un coeur et surtout un corps à un hippopotame, mascotte au bout du rouleau. Et finalement, en excellente forme, François Bernier et Guillaume Girard abordent de front les sujets les plus tabous.
Les 28 et 29 avril et les 5, 6, 13, 19, 20, 26 et 27 mai
Au Lion d’Or
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