Didier Deschamps : Il était une fois la danse
Scène

Didier Deschamps : Il était une fois la danse

Didier Deschamps débarque au Québec avec le Ballet de Lorraine pour nous offrir La Nuit des interprètes. Dans leurs bagages, des oeuvres courtes de huit chorégraphes phares de la danse contemporaine.

Basé à Nancy, dans le Nord-Est de la France, le Centre chorégraphique national – Ballet de Lorraine est l’une des plus grosses compagnies de création et de répertoire de l’Hexagone. Avec ses 30 danseurs, il commande des oeuvres à des chorégraphes contemporains et monte des reprises du répertoire classique du 20e siècle (principalement des Ballets russes), donnant vie à trois ou quatre nouveaux programmes chaque année. Parmi ceux-ci, La Nuit des interprètes reprend des solos, duos et autres petites formes de huit minutes en moyenne pour investir de petits plateaux et mettre en valeur la singularité des artistes de la compagnie. C’est ainsi que nous verrons sept oeuvres créées entre 1948 et 1998 de chaque côté de l’Atlantique, plus une création présentée en première mondiale.

"Ce programme permet une mise en perspective de la création en danse contemporaine à travers des moments-clés, des moments de rupture, de forte évolution, qui caractérisent des grandes écoles et des courants esthétiques au fil du temps, explique Didier Deschamps, directeur général et artistique de la compagnie. Il permet de montrer ce qui a déterminé la démarche des artistes d’aujourd’hui, que ce soit de manière consciente ou pas, que ce soit revendiqué ou pas."

Les oeuvres les plus anciennes à l’affiche à Montréal datent de 1948 et sont signées Françoise Sullivan. Black and Tan et Dédale, deux solos de la célèbre signataire de Refus global, sont mis en vis-à-vis avec Break, autre solo créé en 1964 par l’Américaine Meredith Monk, figure emblématique du groupe d’artistes de la Judson Church. "Ces pièces font réfléchir au fait que la danse participe souvent à des mouvements artistiques plus larges qui incluent la peinture, la littérature, les arts visuels…", commente Deschamps, soulignant le fait que Sullivan est devenue peintre et sculptrice, tandis que Monk a ajouté à son arc la corde du chant et de la composition musicale.

Une autre part du programme porte sur la nouvelle vague qui a bouleversé les codes de la danse à partir des années 80, en France comme au Québec. Elle est représentée d’un côté par Jean-Pierre Perreault avec Les Ombres dans la tête, duo créé en 1996. De l’autre, par un solo pour danseur et accordéoniste de Dominique Bagouet (Une danse blanche avec Éliane, 1980) et une pièce pour quatre danseurs de Mathilde Monnier et Jean-François Duroure (Mama, Monday, Sunday or Always, 1986). "Mathilde se demande si elle a raison de vouloir encore montrer ce travail-là parce qu’il ne correspond pas du tout à ce qu’elle fait aujourd’hui, déclare Deschamps. Mais pour moi, ça garde une grande fraîcheur et ça reste d’actualité. Quant à Bagouet [terrassé par le sida en 1992, en pleine force de l’âge], j’ai envie de dire que même si son oeuvre est encore récente, elle est devenue classique en termes de vocabulaire, de style et de référents."

Concernant la pièce de Perreault, elle a été recommandée et remontée par Ginelle Chagnon, responsable du répertoire du chorégraphe québécois et assistante de Paul-André Fortier, contemporain de Perreault qui vient de signer une pièce de groupe pour le Ballet de Lorraine et qui présentera en primeur, à l’occasion de cette Nuit des interprètes, le duo 200. "Ginelle m’a dit que Les Ombres dans la tête était une magnifique introduction pour les danseurs et le public qui ne connaissent pas ou peu Jean-Pierre, confie Deschamps. En même temps, en voyant la pièce, j’ai tout de suite eu en tête certains interprètes et j’avais vraiment envie de voir comment ils allaient s’en emparer. C’est-à-dire que le programme est élaboré selon des paramètres intellectuels, mais il y a aussi quelque chose de l’ordre de l’intuition et du désir."

Ainsi, le solo Two, écrit en 1998 par le Britannique Russell Maliphant, n’a d’autre raison de figurer au programme que d’être une magnifique fusion de la danse et de la lumière et d’illustrer la diversité du répertoire du Ballet de Lorraine.

Du 30 avril au 3 mai
À la Cinquième salle de la PdA
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